Le vol MU729, au départ de Shanghai, à destination d’Osaka, prend son envol avec deux heures de retard, à cause d’un problème de transfert de bagages.

 

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Nomura, le commandant de bord, engage une course contre la montre, et contre un typhon qui s’annonce, pour arriver à l’heure prévue. Le sort s’acharne. La Corée du Nord décide du tir d’un missile à tête nucléaire. La collision aura lieu dans 3 minutes et 7 secondes.

Il suffit d’une centaine de pages à Sébastien Raizer pour déployer un condensé de son art. 3 minutes, 7 secondes n’est pas un roman catastrophe, avec cris hystériques, prières dans le vide, où seraient étudiées les réactions des différents acteurs du drame à venir, révélant leur courage ou leur petitesse, exacerbées comme dans un blockbuster américain. Ce n’est pas un récit à suspense. Ici, on sait vite que l’issue sera fatale. On le sait même avant la plupart des protagonistes, victimes d’une crise géopolitique sur laquelle ils n’ont aucune prise, qui les dépasse au point qu’ils ne comptent pas. Si la tension existe, elle se fonde sur des bases plus profondes. Parmi les 316 passagers, l’auteur extrait quelques figures, incarnations d’une Humanité sur le point de s’éteindre. Les jeux amoureux entre hôtesses et stewards finissent en une allégorie sanglante des rapports entre les sexes, où les sentiments, devenus instincts, prennent une tournure hallucinée. Nomura, guerrier symbolique d’un Japon millénaire disparu, expérimente la mort, dans un rêve où il se transcende et confond ses souvenirs, ses désir avec ceux de son pays. Le sino-américain Glenn Wang, concepteur de jeux vidéo, se réfugie dans une réalité décalée, où peut-être la vie comme la fin ne seraient que mirages. Yan Van Welde, photographe, songeant à la publication de son futur livre, questionne sur l’essence et la finalité de l’art. Chacun fait un voyage intérieur, qu’il expérimente dans une solitude presque absolue.

Philosophie, métaphysique, réalité augmentée ou réduite…, dans 3 minutes, 7 secondes, Raizer poursuit sa quête de la vérité en proposant, une fois de plus, une réflexion, dérangeante, incarnée, sur ce sujet, simple comme insondable, et qui s’adresse à tous : qu’est-ce que la vie ?

Marianne Peyronnet