Quoi que l’on pense par ailleurs de l’œuvre d’Amy Hempel, force est de constater qu’elle n’encombre pas les étagères.

 

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Quatre minces recueils en vingt ans : la forêt n’aura pas trop souffert. De là à qualifier leur auteure de minimaliste, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir. On s’en gardera bien et l’on dira plutôt que, loin de toute sécheresse formelle, Amy Hempel pratique en réalité un art tout particulier de la retenue, qui lui fait préférer l’implicite au grand déballage. D’où, sans doute, une appétence exclusive pour les formes courtes, auxquelles Le chien du mariage fait à nouveau la part belle. Composé d’une petite dizaine de récits plus ou moins brefs (Mémoire, à ce titre, pourrait concourir pour le record de la nouvelle la plus courte, détenu jusqu’à plus ample informé par Fredric Brown), ce quatrième et dernier recueil en date n’en est pas moins riche et mémorable que bien des gros pavés oubliés sitôt que lus.

Qu’il s’agisse de protester officiellement contre une injuste contravention (Référence #388475848-5), de passer un test de grossesse (Les intrus) ou bien de s’offrir une thérapie motorisée (Jesus is waiting), aucune de ces histoires n’opère en vase clos, dans un univers à la causalité bien établie, mais comme prélevée dans un continuum, comme une conversation à bâtons rompus, une confidence, sans cesse reprise sous un angle un peu différent. Les thèmes se répondent – entre les difficultés des rapports hommes-femmes et l’omniprésence des chiens – et la voix est presque toujours la même : celle d’une femme, dont on ne saura finalement que ce qu’elle aura bien voulu nous dire, avec juste assez d’humour pour ne pas avoir l’air d’y toucher. La vérité n’est pourtant jamais loin. Elle affleure, jusqu’à ce qu’une remarque anodine, donnée comme en passant, la révèle enfin dans toute sa déchirante crudité et mette en pleine lumière ce qui fait l’essence de ces nouvelles impeccablement ciselées : l’art du lift.                                                                            

Yann Fastier