« Jsuis pas un putain djunky. Jsuis trop malin, trop perspicace pour tomber dans ce genre de piège. »

 

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« Cette saloperie, c’est rien du tout pour moi. Jsais qu’tout le monde dit pareil : c’est pour sdonner un genre, carrément, mais dans mon cas c’est vrai. Jpeux le faire si j’en ai envie, et encore, les doigts dans le nez. Jpeux arrêter à n’importe quel putain dmoment, juste par la force de ma seule volonté. Arrêter, juste comme ça.

Mais pas tout se suite. »

Sous les années Thatcher, la brutale déchéance sociale de la famille Renton entraîne Mark, le fils, dans l'héroïne. Quand je lis les résumés qui circulent sur Skagboys, je me marre. Ho, le pauvre petit jeune tellement mal dans sa peau et tellement préoccupé par son avenir qu’il se drogue… Haha, vous avez lu l’extrait que j’ai copié en intro ? Vous n’avez pas rigolé ?

Réduire Skagboys à une descente aux enfers relève de la malhonnêteté intellectuelle ! Welsh n’est pas Zola ! On se fend la poire, comme on l’avait fait à la lecture de Trainspotting et de Porno ! Et s’ils plongent dans l’héro, ce n’est pas tant par désœuvrement ou angoisse, que parce qu’elle est à portée de main, et qu’ils veulent vivre plus.

C’est en cela que l’auteur a du génie, dans ce mélange sordidement hilarant.

Bien sûr qu’il décrit les conditions d’existence de plus en plus difficiles des prolétaires, qu’il y a des scènes d’une extrême violence, que les filles en prennent plein la figure, que le chômage augmente autant que baissent les allocs, que le sida commence à décimer les toxicos, qu’Edimbourg n’a rien d’une carte postale….

Bien sûr que ses personnages souffrent, que les plus faibles morflent, que certains passages vous laissent au bord des larmes.

Mais ce qui pousse à tourner les pages, c’est tout sauf de l’apitoiement. C’est de l’excitation. On veut savoir dans quel pétrin ont réussi à se mettre Rents, Sick Boy, Spud et Begbie, et comment ils vont s’en sortir (c’est le préquel de Trainspotting, alors on sait bien qu’ils s’en sortent…). On veut savoir pourquoi Sick Boy est un tel magnifique salaud, pourquoi le brillant étudiant Renton laisse tomber la fac et l’amour de sa vie, pourquoi Spud est si gentil et Begbie si taré. Parce qu’on les aime et que leur portrait psychologique est si abouti qu’on a l’impression de les connaître.

Marianne Peyronnet