Le don n’est peut-être pas le livre le plus connu de Christopher Priest,
écrivain britannique de science-fiction auteur entre autres du Prestige et du Monde Inverti, mais il n’est pas non plus un livre de science-fiction classique.
Richard Grey a perdu la mémoire après avoir réchappé à un attentat. En convalescence, il tente de se reconstruire avec l’aide d’une jeune femme qui se présente comme son ex petite amie.
Près d’elle, Richard tente de se souvenir. Seulement voilà, les quelques bribes qui lui reviennent ne correspondent en rien au récit de la jeune femme, et l’histoire qu’elle lui raconte est entachée de zones d’ombres qu’elle a elle-même bien du mal à justifier.
Dans ces interstices émerge un mystérieux personnage, un amant jaloux doté d’un don étrange qui se définit en creux et qui semble lier les trois personnages. Un don qui au fil des pages apparaît de plus en plus comme une absence, un déficit, une défaillance ; et qui isole les trois personnages et les contraint à toutes sortes de faux semblants et d’arrangements avec la réalité.
Tout est doute et oubli ici, chahuté par des mémoires capricieuses et partiales, des points de vue antagonistes. Peu à peu l’histoire elle-même se dérobe sous nos yeux, et notre lecture, à l’instar de la quête désespérée de Richard Grey, ressemble de plus en plus à la tentative de garder une certaine dignité au bord du gouffre.
Au bout du compte, à la fin on se demande bien ce qu’on a lu, et on serait bien embêté s’il fallait en faire un résumé (voir ci-dessus).
Lionel Bussière