Un an avant le mythique « Bad lieutenant »,

 

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le réalisateur américain, Abel Ferrara, réalisait en 1989 un sulfureux film de gangster « The King of New-York ». Portrait d’un mafieux et plongée dans les ghettos new yorkais, le film, revu à la lumière de notre époque, est aussi un flash-back étonnant vers les 80’s. Le roi de New-York, c’est le parrain, Frank White, joué par Christopher Walken, l’acteur fétiche de Ferrara. De retour dans le circuit après des années de prison, il reprend rapidement la main sur son empire chancelant pendant son absence. Incarné par Wesley Snipes, son second est chargé d’éliminer les gangs rivaux (les asiatiques, les mexicains..). Sa belle maîtresse est aussi son avocate, ce qui lui assure une immunité quasi parfaite. Son sentiment de puissance n’a d’égal que sa soif démesurée de pouvoir. Désormais, Frank White rêve de gouverner la ville… Chaînon manquant entre le « Scarface » de Brian de Palma (1983) et le « Reservoir dogs » de Quentin Tarantino (1992), « The King of New York » nous fait basculer dans le monde finissant des années 80, tant sur le plan sociologique que sur le plan de l’esthétique cinématographique. Franck White aussi blanc que son nom l’indique, dirige d’une poigne de fer ses hommes de main, tous de jeunes noirs ( !), sortant du ghetto de Harlem, dont Wesley Snipes est la star incontestée de l’époque. On ne verra plus jamais le film de gangster autrement qu’au travers des archétypes établit à ce moment-là : la figure centrale du « Parrain », le lyrisme de la mise en scène, l’humour noir, la bande-son qui colle à l’époque (ici le clubbing et le hip hop naissant). Entre autres scènes frappantes, nous avons la fameuse scène du métro où White pose le cliché du gangster invincible, tenant d’un bras sa maîtresse et menaçant de l’autre avec son flingue une bande de voyous. On se rappelle encore et toujours ces longues scènes d’errances silencieuses dans des limousines de luxe et la vision décadente qu’elles donnent de la mégalopole la nuit. Depuis le début de sa carrière, le réalisateur n’a eu de cesse d’explorer les possibilités infinies de cette thématique de la grande ville avec ce qu’elle engendre comme vices, corruptions et violences. La mise en scène de la violence, inhérente au film et qui a apparemment choqué en 1990, a largement contribué à son pouvoir de fascination qui perdure encore de nos jours, même à l’ère d’HBO et de ses grandes séries sur la mafia (Les Soprano, Boardwalk Empire).

Cécile Corsi