Cœur de Pierre brosse le portrait d’un jeune afghan, Ghorban Jafari, à l’histoire incroyable.

 

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Arrivé seul en France, après un périple de plus de 8000 kilomètres, il est pris en charge en tant que « mineur non accompagné » par l’Aide Sociale à l’Enfance à l’âge de 13 ans. Les réalisateurs ont pris le parti de filmer le jeune adolescent sur 8 années. Confié au soin de psychologues qui vont tenter de l’aider à se construire sur les ruines d’une enfance dévastée faite de misère et d’abandon, le personnage évolue d’image en image, passant d’un pré ado isolé, malheureux et dépressif à un jeune homme parlant français bien décidé à décrocher son bac et sa carte d’identité française. Immergé au cœur des foyers d’accueil, le spectateur peut englober tout à la fois le quotidien de ces jeunes mineurs en situation clandestine mais aussi le travail des éducateurs spécialisés de l’ASE. Par le biais d’un montage dynamique, les réalisateurs offrent à voir l’évolution physique et mentale d’un adolescent qui voudrait être « comme les autres » entre parties de foot et soirées hip hop et le combat d’un être en exil en butte à la désespérante lenteur administrative du système français. Et cependant Cœur de pierre n’est pas un drame social plombant, au contraire, de véritables moments de grâce ponctuent le film comme le jour où on le voit voter pour la première fois ou encore celui où il obtient, sésame ultime, son baccalauréat. Loin de sa famille avec qui il a du mal à renouer, notamment avec sa mère à qui il reproche de l’avoir abandonné, Ghorban se construit une identité de jeune européen. La grande séquence émotion du film, celle que nous attendions depuis le début sera celle de son retour au pays. Filmées tout en délicatesse, les retrouvailles familiales pleines d’amour et de pudeur n’empêcheront pas le choc des cultures et des générations. Comme si, en un personnage, Ghorban, s’affrontaient les valeurs de la jeunesse et des anciens mais aussi celle de l’Occident contre l’Orient. De ce drame familial Ghorban puisera sa force incarnant, le temps de ce film, une figure universelle, celle de l’exilé. Et le spectateur ne pourra qu’assister à ce parcours initiatique la gorge nouée en se disant que décidemment, non, la vie ne donne pas les mêmes chances à tout le monde.

Cécile Corsi