Les lecteurs de Livres Hebdo, dans lequel Boll officie en tant que dessinateur facétieux,

 

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ne seront pas surpris de retrouver dans ce texte court l’humour dont il fait preuve à travers ses illustrations de presse. Dans Fermé les jours de grand vent, roman que l’on devine à forte teneur autobiographique, nous sont contés les souvenirs campagnards d’un gosse fin observateur des us d’un village qui pourrait être n’importe quel bled de France, puis son départ pour la Capitale, enfin surtout son arrivée à Paris et le choc de la découverte de ce nouveau monde. Avec l’esprit de synthèse qui le caractérise, on se doutait que Boll ne pouvait pas donner dans le Proust. Les phrases sont travaillées mais taillées au millimètre, sans gras, percutantes, et surtout alimentées de dialogues et d’apartés pleins d’une gouaille réjouissante. Le gamin narrateur décrit avec une justesse féroce les mœurs de ses contemporains, ces adultes un rien bas du front à la main leste, qui lui témoignent leur amour à grands coups de pognes sur le museau. On parle ici d’un temps révolu, bien sûr, où l’éducation incluait les fessées, ce qui n’empêchait pas les mioches d’imaginer et concrétiser toutes les bêtises possibles. Relations familiales type Guerre des boutons, rigolades et bouderies à l’avenant, la société décrite ici se teinte d’un charme désuet, d’une nostalgie perceptible à travers les réflexions hilarantes du mioche qui nous parle. Car au-delà des portraits irrésistibles de ces individus rustres aux semelles collantes de boue, c’est bien d’humanité qu’il est question, et Boll fait montre envers ses personnages d’une empathie certaine, d’une tendresse amusée. Empathie qu’il conserve lors du récit par le menu de l’arrivée du bouseux qu’il était dans cette gare parisienne, gigantesque, effrayante et puante, dont il ignore le fonctionnement. Tout lui semble absurde et il ne sait comment se comporter. Les scènes, désopilantes tant on comprend son désarroi face à des hordes de parisiens hostiles et mystérieux, sont portées par un style vif, argotique à souhait, d’une précision aussi expressive qu’un (bon) dessin de presse.

Marianne Peyronnet