Excès, violence, humour noir, les ingrédients composant la trame de l’oeuvre de Portis avaient de quoi séduire les frères Coen tout en distillant assez de matière pour qu’ils y apposent leur patte.

 

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Si cette adaptation au cinéma n’est pas la première, puisque Henry Hataway avait déjà porté le livre à l’écran en 1969 avec son Cent dollars pour un shérif et John Wayne dans le rôle-titre (pour lequel ce dernier avait reçu l’oscar du meilleur acteur et dont nous ne pouvons juger la prestation faute de l’avoir vue), il faut reconnaître que les frères s’en tirent avec les honneurs et s’en donnent à cœur joie dans cette reconstitution d’une Amérique sauvage, sans foi ni loi, hormis celles des trois protagonistes. Les décors sont sublimes et servent parfaitement l’intrigue. La mise en scène rend justice au livre, soulignant les scènes les plus spectaculaires ou intimes par des accélérations ou des pauses qui permettent au film de se déployer, aux personnages de se dévoiler. Jeff Bridges, dans le rôle de Rooster Cogburn, et Matt Damon dans celui de LaBoeuf prennent un plaisir évident à se donner la réplique mais le casting n’aurait pas été aussi réussi sans la présence de Hailee Steinfeld incarnant une Mattie Ross à la perfection. La jeune actrice, choisie si l’on en croit la légende parmi plus de 15000 postulantes, est de tous les plans. Elle porte littéralement l’œuvre sur ses épaules, dans un mélange de force, de détermination et d’ingénuité excellemment dosé. Le spectacle, attendu, ne déçoit pas.

Reste que la lecture de True Grit et le visionnage de son adaptation dans la foulée ont cela d’un peu perturbant que les deux œuvres sont si semblables qu’elles ne s’apportent rien l’une à l’autre. Les réalisateurs ont tant collé au déroulé des différentes scènes qu’on les présuppose plus qu’on ne les attend, l’effet de surprise n’existant pas. L’émotion est présente mais, déjà vécue, elle est affadie, même si le final des réalisateurs, sublime, est un véritable hommage à l’original. Un conseil, donc : éviter la juxtaposition des deux propositions au risque de voir l’une d’elle devenir transparente et amoindrir le plaisir procuré par chacune.

Marianne Peyronnet