Dans Stéréo, son roman paru en 2021 aux Editions des Equateurs, Antoine Philias déroule sur vingt ans les hauts et bas d’un couple, Arthur et Nina, que seule leur passion pour Pavement semble unir.
A part leur âge, peu de points communs entre ces deux-là. Il vient de Brest, d’une famille de prolos. Elle est issue de la bourgeoisie rochelaise. Il est taiseux. Elle est peste. Aimer Pavement contre le reste du monde suffit-il pour une histoire d’amour ? Dans Plexiglas, publié en 2023 chez Asphalte, l’auteur oppose deux mondes, encore. Le temps d’une année, 2020, il raconte la frontière invisible, de plastique, qui sépare ceux qui bossent et les autres, exposant une galerie de personnages incarnés dont on parle peu dans les romans, dont on ne parle plus depuis la fin du confinement. Elliott, 30 ans, revient à Cholet, sans diplôme après des années passées à rennes, chercher du boulot. Il s’installe dans la maison de son grand-père placé en EHPAD en bordure d’une zone commerciale où travaille Lulu, la soixantaine, caissière à Carrefour. Sur fond de discours de Macron, au fil des restrictions successives, ils se confient, s’apprivoisent. Epuisement physique dû aux cadences imposées par la direction de l’hypermarché, écœurement moral face au cynisme de l’entreprise pour l’une ; peines de cœur et manque d’envie de s’insérer dans ce monde-là pour l’autre, ils conjuguent leur solitude pour un peu de chaleur humaine. Et pour Antoine Philias ? Une œuvre qui se dessine, percutante et sensible, où la lumière et les rires fracassent lors d’instants fulgurants toutes les nuances de gris.
Marianne Peyronnet