Ricky avait devant lui une prometteuse carrière dans le milieu du catch amateur, jusqu’à ce qu’un adversaire lui brise le cou en même temps que les rêves, et qu’une vidéo amateur enfonce le clou sur les réseaux sociaux.

 

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Ricky avait une petite amie, jusqu’à ce qu’elle décide d’avorter sans lui demander son avis et le quitte dans la foulée. Ricky avait un boulot d’homme à tout faire dans son ancien lycée, mais désormais diminué, il se fait licencier. Déprimé, handicapé, l’alcool devient un réconfort et sa mère son unique compagnie. Pour soigner sa déprime et trouver un sens à sa vie, il part sur les routes en quête du père qu’il n’a jamais connu, avec maman sur le siège passager.

Résumé comme ça, Rentre chez toi, Ricky ! pourrait être vu comme un roman sur la recherche de ses origines par un loser qui n’a ni racine, ni diplôme, ni envie, ni avenir, dans une Amérique peu encline à l’empathie. Ricky pourrait être vu comme un symbole de l’échec dans une société qui déteste les perdants. Bref, Kwak aurait pu écrire un roman désespéré. C’est en partie vrai seulement. Bien sûr, les péripéties subies, les arrières salles des stations-service, les individus sordides que croisent nos deux personnages lors de leur road trip rural n’ont rien de glorieux. Mais ce serait nier le talent de l’auteur pour le décalage euphorisant et les situations rocambolesques. Ricky n’est pas un héros glauque et sombre. Son humour, basé sur l’autodérision, décape. Les réflexions tordantes de cet éternel ado, naïf comme les spectateurs du catch, puéril comme l’Amérique, incapable de prendre des décisions, ou souvent les mauvaises, l’emportent sur tout apitoiement potentiel. Comment ne pas sourire à l’idée de ce géant blond persuadé d’être issu du peuple apache ? Ou à la lecture d’une scène épique où il se retrouve seul avec un de ses nombreux beaux-pères dans les toilettes d’un stade et que… ?

Pour Kwak, les grandes révélations comptent pour du beurre et le destin se cache dans les détails les plus prosaïques de l’existence. Les rencontres les plus banales sont les plus marquantes pour peu qu’on évite de juger ceux qui ne sont en fin de compte que nos semblables, des humains capables de tendresse.

Marianne Peyronnet