1890, Robert Louis Stevenson s’est installé dans les îles Samoa.
Investissant toute sa fortune dans une parcelle près de Vailima, il a fait construire une magnifique demeure dans la jungle. Malade, terrassé régulièrement par de terribles quintes de toux, Stevenson tente néanmoins de mener à bien l’écriture d’un nouveau roman, et s’investit dans la vie sociale des Samoans, au point d’être désigné chef de tribu, sous le nom de Tussilata, le conteur d’histoire. La maison se détériore peu à peu, rongée par l’humidité, tandis que Fanny, sa femme, se laisse gagner par la mélancolie, et que la maladie assiège l’écrivain presque sans répit. Un jour, sur la plage, au crépuscule, Stevenson croise un étrange pasteur écossais, Baker, prédicateur acerbe et vindicatif jurant d’extirper le mal et la luxure de l’île. S’ensuivent plusieurs échanges où l’écrivain tente de ramener le prêtre à la raison, ou du moins à une certaine modération. Puis les événements se précipitent, une jeune fille dont il avait remarqué la beauté lors d’une fête est retrouvée morte sur la montagne. Près du lieu du crime on découvre son chapeau. Tussilata le conteur d’histoire est soupçonné de meurtre. On lui demande de s’expliquer. Fragilisé par la maladie, titubant sans cesse entre la réalité et les hallucinations, ne sachant plus où situer le réel entre les rêves, peuplés des visions de ses sommeils agités, et les événements inexplicables qui ont lieu sur l’île, Stevenson essaie d’enquêter sur ce mystérieux missionnaire que personne à part lui ne semble avoir rencontré. Mais comment se disculper alors que le monde réel vacille au bord de l’impossible et que la maladie l’assaille sans trêve. Alberto Manguel s’appuie sur la vie de Stevenson pour proposer un roman oppressant et réaliste, traversé comme un filon par les traces de l’inquiétante étrangeté, et où tout est vrai, même ce qui ne l’est pas !
Lionel Bussière