Voilà ce qu’on appelle un livre à ne pas mettre entre toutes les mains moites.
Entre celles des bien-pensants, en tout cas, chez qui il est susceptible de déclencher un prurit moralisateur qui ne saurait être soigné que par une bonne branlée. Voué aux gémonies dès sa sortie par un quarteron de catho-fascistes en mal de manif pour tous qui auront tout tenté pour le faire interdire, Petit Paul n’en demandait pas tant. Situé dans le même univers champêtre que Les melons de la colère, qui fit naguère les beaux jours de la collection BD-Cul des Requins Marteaux, Petit Paul en est le prolongement, si l’on ose dire s’agissant des aventures ithyphalliques d’un petit garçon atteint de priapisme débordant. Petit Paul récite une poésie, Petit Paul à l’anniversaire de Mohamed, Petit Paul fait du judo... chaque chapitre de l’album se veut un hommage discret à Martine, ses couleurs tendres et sa petite culotte, mais une Martine à gros nénés qui avouerait enfin ce qui la démange, là, en bas, avant de périr noyée sous le déluge de foutre jailli d’un braquemart enfantin pris de folie laitière.
Nos amis pédophiles en seront cependant pour leurs frais : le rire, c’est bien connu, fait débander le curé. Or, nous sommes précisément dans le registre de l’humour (pour ceux qui ne connaissent pas, se renseigner sur ce mot), dans le cadre d’un pur délire pornographique dont l’obscénité outrancière, volontaire et joyeusement assumée a bien moins vocation à titiller la nouille que le zygomatique. On conçoit la déception des bons pères et de la droite catholique en général devant tant d’innocence, mais on se dit qu’ils pourront toujours se consoler sur les inépuisables scouts de Pierre Joubert qui, du fond de leur canadienne, ne demandent (et ne redemandent) que ça.
Yann Fastier