Mary Belladona, vingt-neuf ans, est une New-Yorkaise pur jus.

 

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Dans son quartier de l’East Village, elle passe plus de temps à prendre des cafés dans tous les bars du coin ou au téléphone avec son amie Zoé qu’à chercher un boulot qu’elle sait d’avance inapproprié à son talent et ses envies. Son but, c’est de devenir écrivaine. Encore faudrait-il qu’elle s’y mettre vraiment à l’écrire ce fameux recueil de nouvelles, qu’elle a commencé il y a longtemps. Elle en a le titre Le livre des jobs, reflet de ses expériences décevantes dans toutes sortes d’entreprises en tant qu’intérimaire, et des bribes de textes. Elle est un peu dilettante, Mary, un peu paumée et elle peine à se passionner pour quoi que ce soit. Quand elle rentre un soir et trouve son petit ami Primo affalé devant la télé comme à son habitude, il lui faut un moment pour comprendre que s’il ne répond pas et ne mange pas la plâtrée de nouilles qu’elle lui a posée sur les genoux, c’est qu’il est mort. L’affolement n’est pas dans sa nature, elle gère. Accompagnée désormais du chien de son compagnon décédé, elle se met en quête d’en apprendre plus sur Primo, et va aller de surprises en surprises.

Si vous ignoriez l’existence des parcs à chiens, c’est l’un des prétextes qu’il vous faut pour vous lancer dans la lecture de Dogrun. Ce n’est pas le seul attrait, loin s’en faut, de ce roman écrit en 2000 et qui a saisi, en plus de l’atmosphère de New-York à l’époque, l’âme de ses habitants et l’état d’esprit d’une génération. Mary déambule dans les rues, elle croise une population bigarrée, entre dans des clubs dans lesquels elle boit beaucoup et fume trop, clubs que l’on devine fermés depuis. Ses amis sont comme elle plus nonchalants que carriéristes et préfèrent se poser des questions sur leur avenir que chercher à y répondre. Avec son regard désabusé sur le monde des adultes dont elle ne fait pas encore tout à fait partie, ses reparties franches et pleines d’autodérision, Mary ne prend rien vraiment au sérieux. Son décalage avec ceux qui représentent une certaine forme de bien-pensance n’en est que plus savoureux. Mary passe, indubitablement légère et drôle, comme le pied de nez d’une jeunesse refusant de rentrer dans le rang.

Marianne Peyronnet