Une adaptation réussie d’un roman d’Irvine Welsh, on attendait ça depuis des années !

 

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Depuis Trainspotting, réalisé en 1996 par Danny Boyle, les diverses tentatives avaient été décevantes, loin de rendre justice à la verve de l’écrivain écossais. Rob Heydon s’y était essayé avec Ecstasy, en 2011, et s’était cassé quelques dents dessus. Jon S. Baird, lui, a les molaires solides et livre un film, injustement boudé par les obscures salles françaises, qui déchire. Il y a des avantages à être flic. Le sergent détective Bruce Robertson, ordure de son état, le sait bien. Drogue à gogo, pots de vin à tire-larigot, prostituées pas chères…Il se contenterait bien de cette existence répétitive, mais voilà, un meurtre horrible a lieu et celui qui résoudra l’enquête a toutes les chances de monter en grade. Une compétition s’engage entre Bruce et ses collègues de brigade. Bruce est prêt à toutes les bassesses, manipulations, perversions. Servie par l’interprétation magistrale d’un James McCavoy halluciné, la mise en scène de Baird colle parfaitement au rythme déjanté du scénario inspiré par Welsh. Alternant plans ultra rapides et images quasi figées, le metteur en scène explore au plus près, avec justesse, les sentiments, les actions et les souvenirs du flic. Car entre deux coups minables, Bruce se souvient, et nous apprend, qu’il n’a pas toujours été l’ordure qu’il est devenu. Avant le départ de sa femme et de sa fille, avant cette petite victime qu’il n’a pas pu sauver et qui le hante, il était quelqu’un de bien. Baird a pris quelques distances avec le roman, s’est accordé quelques arrangements et, de ce fait, le film est plus politiquement correct que le roman. Néanmoins, cette comédie d’un noir absolu ne dénature en rien l’esprit de l’œuvre originale, elle en propose une vision personnelle, absolument marquante, terriblement troublante. Espérons que le réalisateur réitérera le défi en s’attaquant à l’adaptation de Crime, deuxième livre dans lequel on retrouve le personnage de Robertson, et que Danny Boyle se décidera enfin à tourner Porno, la suite de Trainspotting.

Marianne Peyronnet