Quand Courtney débarque en seconde, au lycée de la petite ville tranquille de Carqueuf, la vie de Louison s’en trouve transformée.

A quinze ans, cette dernière a jusque-là mené une existence plutôt solitaire. Se faire remarquer n’est pas dans sa nature. La seule chose qui la différencie des autres, c’est une forte poitrine qui lui vaut d’être harcelée sur les réseaux sociaux et la pousse à vouloir disparaître. Courtney est son contraire. Exubérante, avec un look d’enfer, elle n’a pas sa langue dans sa poche et ne craint rien ni personne. Un rapprochement entre elles deux semble peu probable. Pourtant, Courtney la choisit et elles deviennent meilleures amies, inséparables. Un point commun les lie. Elles sont orphelines de mères et décident de fonder Le Club des Mamans Mortes, avec les deux gars de leur bahut dont c’est également le cas. A cet âge des découvertes, ensemble ils multiplient les expériences. Vols dans les magasins, premières cigarettes, alcool, jusqu’à commettre le pire.

C’est l’histoire d’une emprise, d’une relation toxique dont le lecteur entrevoit les tragiques conséquences dès le début et dont il ne connaîtra les tenants de l’histoire qu’à la toute fin. Composé de chapitres alternant le passé où nous contés l’amitié naissante et l’engrenage irrémédiable ayant mené le CMM à accomplir un acte dément, et des chapitres présentant le présent et les terribles répercussions sur la vie de chacun des membres, la structure du club des mamans mortes entretient la tension narrative jusqu’au dénouement. On suit le point de vue de Louison et son évolution psychologique, passant de moments racontés à la troisième personne quand elle était ado, à une immersion parfaite, transcrite par un « je » pénétrant pour décrire ce qu’elle ressent quelques années plus tard.

C’est l’histoire de la chute d’une fille ordinaire à la suite d’une mauvaise rencontre, une dérive à laquelle on croit tant la personnalité des différents protagonistes est fouillée et les errements dus à la fragilité de l’adolescence sont parfaitement décrits. La peur du rejet qui pousse à faire ou dire ce que l’on réprouve pour plaire ; la crainte d’un avenir morne, dénué de perspectives excitantes ; le désir d’échapper à une normalité pesante ; le trouble face à une sexualité naissante ; tous ces éléments couplés au deuil forment ici un cocktail explosif et un récit bouleversant.

Marianne Peyronnet