Alors que nos éco-systèmes se réduisent comme peau de chagrin, Zoa est une jeune chercheuse promise à un brillant avenir.

 

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Si brillant qu’elle est un jour appelée à faire partie des rares élu·e·s à intégrer l’équipe du prestigieux parc Ecotopia, où, dans une nature cultivée en vase clos hors de toute atteinte humaine, survivent les derniers représentants de nombreuses espèces animales et végétales, veillées en permanence par une armée de drones et de capteurs. Mais à Ecotopia comme ailleurs, la compétition est féroce, soigneusement entretenue par le fondateur, Steve Works, bien moins cool qu’il en a l’air. Partisan d’une nature hyper contrôlée, il ne tolère la présence de la vieille et célèbre Jane Goodall que pour d’évidentes raisons de com’. Pour avoir suivi cette dernière dans une mission de routine, Zoa se perd et, de rencontre en rencontre, voit toutes ses certitudes technicistes mises à mal, jusqu’au bouleversement complet qui pourrait remettre en cause le projet même d’Ecotopia comme de tout notre rapport à la vie.

D’un style graphique aussi séduisant qu’inhabituel, cette bande dessinée a toute sa place dans la collection « Sorcières » de Cambourakis puisqu’elle convoque quelques-unes des plus grandes figures féminines des sciences naturelles. Jane Goodall, Monica Gagliano, Temple Grandin, Lynn Margulis, Barbara McClintock… toutes ont en commun d’avoir marqué leur époque et leur discipline par une approche innovante et résolument non-académique, rompant avec une tradition universitaire plus marquée par les questions de genre qu’on pourrait le croire. Privilégiant les notions de symbiose et d’« entraide » pour penser une nature dont l’homme se veut encore trop souvent « maître et possesseur », c’est toute notre vision du monde qu’elles remettent en cause et dont cet album intelligemment utopiste se fait l’écho, sans didactisme ni pesanteur. Certes, il respire un certain air du temps, mais la fraîcheur de cet air-là en vaut bien d’autres, plus pestilentiels et malheureusement poussés par les vents dominants, à l’est comme à l’ouest.

Yann Fastier