Ayant perdu la vue à la suite d’un accident de cheval, Sarah, une jeune orpheline, revient chez son oncle et sa tante après un long séjour à l’hôpital,

 

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affrontant avec dignité et courage sa nouvelle situation. Alors qu’elle passe l’après-midi auprès de Steve, un vieil ami, un terrible drame se déroule chez son oncle. À son retour, la maison semble vide, et pourtant…

Toute sa vie, Richard Fleischer (1916-2006) fut un cinéaste éclectique, passant sans barguigner d’un genre à l’autre, du polar à la science-fiction (Le voyage fantastiqueSoleil vert…), du film de guerre (Tora ! Tora ! Tora !) au péplum et à la fantasy (Conan le destructeur), alternant séries B et blockbusters. Tourné en 1971, le très hitchcockien Terreur aveugle n’est pas son film le plus connu, loin de là. Cela n’en fait pas moins un thriller parfait de bout en bout, autour de la toute jeune Mia Farrow, encore auréolée de son succès dans Rosemary’s baby, incarnation même de la fragilité et pour laquelle on ne cessera pas un instant de trembler. On tremblera tout aussi bien pour son compte personnel, tant ce film incroyable de ruse sait jouer avec nos nerfs en nous plaçant, d’une certaine façon, dans la tâtonnante situation de l’héroïne, jouant sans cesse de ce que nous voyons qu’elle ne voit pas, de ce que nous devinons mais ne voyons pas et ne se gênant pas pour nous cacher ce que nous ne devons pas voir avant qu’il en ait formellement décidé. Ainsi du tueur, dont on ne verra longtemps que les bottes et dont on comprendra rapidement qu’il serait vain de le chercher parmi les personnages connus : placés en voyeurs de la cécité de Sarah, nous sommes de toute façon nous-mêmes aveugles dans une histoire dont le paradoxe et le coup de génie sont de ne se dérouler qu’au plein jour d’une belle et paisible campagne anglaise, au rebours des clichés du film d’horreur. Ce n’est pourtant pas faute de sadisme tant la malheureuse héroïne en voit – sans mauvais jeu de mots – de toutes les couleurs, de cave en verre brisé et de glaisière en baignoire. Cela ne la rend que plus touchante et les messieurs (et quelques dames) ne verront assurément pas le générique de fin sans une pointe de jalousie envers ce gandin de Steve (voire même envers Frank Sinatra, André Prévin, Woody Allen...)

Yann Fastier