Le commissaire Verjeat, dont les méthodes à la limite de la légalité en agacent plus d’un
mais dont les résultats sont indéniables, se voit accusé d’avoir touché des pots-de-vin par la tenancière d’une maison de passe. C’est vrai qu’il a accepté des cadeaux de la dame en échange de services, mais tout le monde fait ça, non ? Ce n’est pas l’avis du juge d’instruction en charge de l’affaire, bien décidé à poursuivre Verjeat. Lâché par sa hiérarchie, ce dernier refuse de servir d’exemple. On lui demande de partir ? Ok, il va partir, mais au soleil, avec de l’oseille, et non sans avoir d’abord balancé tout ce qu’il sait sur certains, nombreux, qui ne respectent pas non plus les règles.
Pour choper les vrais méchants, il faut connaître le milieu dans lequel ils évoluent et faire copain copain avec les petits truands, les petites frappes qui nagent dans leur sillage, en faire des indics, leur graisser la patte. Verjeat a toujours usé de cette tactique et ça lui a réussi. Aussi, quand des hypocrites se mettent en travers de sa route, sa vengeance a de quoi réjouir. Parce que l’auteur ne s’embarrasse pas de demi-mesures et fait pencher le lecteur en faveur de son flic. S’il n’est pas incorruptible, sa probité s’avère nettement au-dessus de celle de ses accusateurs, politicards véreux, entrepreneurs sans scrupule, trafiquants de haut vol. La France des 70’s n’a rien à envier, niveau corruption et coups tordus, à notre modernité et le propos demeure tristement d’actualité. Reste que la peinture du monde d’avant (avant les téléphones portables, internet, avant l’interdiction de fumer dans les bars et d’y draguer les femmes) donne, sans le vouloir, un côté nostalgique à l’ensemble et contribue au plaisir de lecture, décuplé par les répliques cinglantes du poulet en colère et son utilisation d’un argot joyeusement désuet.
Marianne Peyronnet