Gênes, juillet 2001. Sommet du G8.

 

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Tandis que les dirigeants du monde capitaliste sont réunis dans une zone rouge, forteresse imprenable, 500 000 manifestants altermondialistes sont attendus pour clamer leur opposition à un avenir forcément néo-libéral. Ils sont jeunes, venus de toute l’Europe, nombreux, en colère. Parmi cette foule composée d’individus aux motivations diverses se trouvent Wag et Nat. Incarnation des dissensions à l’œuvre au sein du mouvement alter, le couple est fragile. Nat est anar, proche du black bloc, prête à en découdre. Wag, ex LCR, se pense plus pacifiste sans pour autant juger toute forme de violence inutile. Les différentes factions de l’ultra gauche sont toujours promptes à désigner l’ennemi de l’intérieur. Wag est surtout une balance auprès des flics dont deux représentants se sont justement invités aux festivités et ne le lâchent pas.

En face, pas de tergiversations. Berlusconi et ses alliés néofascistes sont prêts à tirer dans le tas. Les débordements lors de précédents sommets leur donnent toute latitude pour montrer leurs muscles et lâcher leurs flics, trop heureux de casser du rouge. Le premier mort, abattu d’un tir dans le dos, provoque le chaos.

En immersion totale dans les rangs des manifestants, avec en bande-son Rage Against the machine, les cris et les rafales, le lecteur subit de plein fouet la répression terrible subie par la foule. L’effroi surgit à chaque coin de rue tandis que les forces de l’ordre prennent en tenaille des jeunes plus souvent terrorisés que formés au combat, incapables de résister. Vitrines brisées, voitures incendiées contre rafles, emprisonnements aléatoires, interrogatoires musclés, tortures. Sans manichéisme, à l’aide de personnages pris dans le chaos des deux côtés, Paulin fait sentir la rage, la montée de la haine et l’inéluctable horreur de ces jours sombres. En mêlant la réalité brutale des faits aux questionnements d’individus fictifs mais vraiment incarnés, son récit prend toute sa puissance et donne envie soit de s’armer soit de pleurer. Dans ce monde pré-11 septembre, les rêves étaient déjà en voie d’extinction et le futur, sinistre, semblait déjà écrit.

Marianne Peyronnet