Milliame est une ville sale composée de différents quartiers plus ou moins aux mains de la pègre.
La violence est partout, à des degrés divers. Les truands y prospèrent : leurs méthodes expéditives n’ont rien à envier à celles des flics. Bernard Valéria l’a été, flic. Tout comme son propre père, Josef, avec lequel il est en froid depuis des années. Ces deux-là ne se sont jamais aimés. La mère de Bernard est morte en le mettant au monde et Josef l’a corrigé de cette faute en l’élevant à coups de ceinturon. Et voilà que son paternel vient de faire un AVC et que Bernard se voit obligé de trouver l’argent pour lui payer l’hospice. Pas drôle, alors qu’il se démène déjà avec ses fantômes, celui de sa femme assassinée à leur domicile, et celui de sa mémoire qui refuse de se rappeler la scène, et donc le meurtrier. Dans le même temps, Franck Caruso, ex-flic lui aussi, est relâché dans la ville, après la peine qu’il vient de purger pour un braquage raté. Ils étaient quatre lors de l’attaque. Les 600 000 euros dérobés à la mafia n’ont jamais été retrouvés. Il a été dénoncé. Sa sortie de prison signe le début de sa vendetta.
Milliame Vendetta est de facture classique. C’est même justement pour cela qu’il suscite l’intérêt. Parce qu’il a l’audace de s’attaquer à des images et des intrigues connues sans craindre les redites. Sans chercher à renouveler le genre, celui du roman de gangsters avides de vengeance, l’auteur, plutôt que s’affranchir des codes, s’applique à les alimenter, à y fondre ses personnages, dans un bel exercice de style. Il prouve par là que le flic en rupture de ban, accro aux drogues diverses, prêt à aller jusqu’au bout, pour lequel on éprouve une grande empathie, reste une figure fiable. Il ‘suffit’ de lui trouver une enquête à mener assez captivante, de mettre en avant de bonnes vieilles blessures, et de le transposer dans une ville fictive parfaite pour s’y perdre, et il devient un nouveau anti-héros des plus efficaces.
Marianne Peyronnet