Donna et Carla sont amies depuis l’enfance. Elles ont grandi dans le même quartier du Sud de Manchester.

 

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Ont connu des parcours familiaux semblables, où pauvreté et alcoolisme étaient des préoccupations plus envahissantes que le soin apporté aux enfants. La débrouillardise et la rue ont cimenté leur éducation. Elles n’ont pas suivi les modèles parentaux. Elles ont agi, ont uni leur force et leur rage. Elles ont fondé un gang, un gang de filles, lesbiennes de surcroit, comme elles. Les hommes, elles s’en arrangent tant qu’ils ne s’immiscent pas dans leur business, celui des drogues qu’elles fourguent dans les clubs dans des vaporisateurs de parfums. Un jour, tout bascule. Carla a séduit la femme d’un caïd et se fait tuer.

Histoire d’amour et de vengeance, Nous errons dans la vie se lit au rythme de la traque de Donna pour retrouver le meurtrier et lui faire payer son crime. A cent à l’heure au volant de sa moto. Elle est en colère, désespérée, accompagnée de sa bande, prête à en découdre, jusqu’au bout. Et on se fond dans leur sillage, d’autant qu’on en apprend plus au fil des pages sur leur passé et qu’on s’attache. Forcément, on prend parti, et on espère un dénouement à la hauteur de leur furie.

Mais le roman de Jules Grant n’est pas qu’une bonne intrigue. L’auteure a une vraie langue, tout en décrochements, phrases courtes, reparties vives et dialogues précis. Aussi flamboyante que les filles qui composent le gang.

C’est aussi dans le choix des personnages qu’il est original. Et malin. Parce qu’il met en scène des femmes, dans un milieu violent et qu’il évite les clichés propres aux genres. Donna et ses comparses, même si l’on devine qu’elles ont dû affronter plus de périls que leurs homologues masculins, se comportent surtout comme eux. Elles sont aussi rebelles, violentes. Elles forment un gang, pas un regroupement de femmes par défaut. Elles ne se revendiquent pas féministes, ce combat n’étant pas le leur, elles l’ont dépassé depuis longtemps, elles réagissent en fonction de leur environnement, comme n’importe quel être humain. Elles ne sont ni fleurs fragiles, ni viragos, elles se servent des mêmes armes que les mâles, les hauts talons en plus. Par choix.

Marianne Peyronnet