On se souvient bien sûr de La guerre des boutons.

 

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On se souvient encore davantage des Copains, faute à la chanson de Brassens (ça y est, vous l’avez dans la tête pour la journée). Mais se souvient-on de Bébert et l’omnibus, tourné pile-poil entre les deux et qui, en 1963, dépassa pourtant le million d’entrées ? D’autant plus que Bébert, c’est à nouveau Petit Gibus, celui de La guerre des boutons, celui-là même qui, s’il aurait su, n’aurait pô v’nu. Mais il est là, et bien là et faudra faire avec : rejeton à la fois angélique et horripilant d’un Jean Richard harassé, il se perd à La Samaritaine la veille d’un départ en vacances. Chargé de le retrouver et de le ramener, Tiennot (le tout jeune Jacques Higelin), son grand dadais de frangin, l’oublie, victime de ses hormones, dans un wagon en partance pour une petite gare de campagne dont le personnel n’avait pas certes pas prévu ce genre de catastrophe ferroviaire. Ce sera le début d’une folle nuit où tout le monde cherche Bébert, tandis que le chef de gare, flanqué d’un inspecteur imprudemment descendu du train (inénarrable duo de Pierre Mondy et Michel Serrault), s’efforce de canaliser l’animal.

Quel qu’en soit le ressort comique, il y a toujours eu dans les films d’Yves Robert une sorte de tendresse gouailleuse qui le relie à toute une tradition populaire qu’il serait dommage de réduire à la franchouillardise. Une tradition qui – sans remonter à Rabelais – irait, disons, de Pigault-Lebrun à San Antonio, un rire né de la République, de l’école obligatoire et du Front populaire, ni gras ni bête, mais démocratique et bon enfant et même, osons le mot, poétique. D’une poésie dont Bébert et l’omnibus ne manque pas, avec un esprit d’enfance et une modernité pas si éloignés de la Zazie de Queneau, revue quelques années plus tôt par Louis Malle. Lui-même adapté d’un roman du très oublié François Boyer, ce Bébert-là vaut encore largement le détour, que l’on empruntera d’un pas allègre et sans attestation, comme le rappel un brin nostalgique d’une époque où l’on pouvait encore rire en toute insouciance.

Yann Fastier