“Le thème de ce livre, c'est la distance infranchissable entre l'homme, faillible, et la beauté.

 

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La beauté et la perfection sont indéfinissables. C'est une rencontre, ça n'entre pas dans le domaine concret, réel”. Laszlo Krasznahorkaï, considéré comme un des grands écrivains contemporains, nous livre avec Seiobo dix-sept histoires indépendantes, où il est chaque fois question d’une épiphanie, dans le sens païen du mot : une révélation vous terrasse devant l’indicible beauté d’un être, d’un objet ou d’une œuvre.

Chacun des 17 récits est composé de paragraphes, eux-mêmes composés d’une seule phrase qui peut faire jusqu’à dix pages. Et ces phrases très longues favorisent une sorte de scansion qui rythme le texte et le guide vers une sidération qui couronne chaque écrit comme une fermata. La découverte d’un tableau supposé du Titien, la restauration d’une statue de Bouddha, la confection d’un masque de théâtre nô, la reconstruction rituelle d’un temple japonais, la visite ratée de l’Acropole ou la contemplation d’un échassier à l’affût, chaque chapitre est l’occasion d’interroger notre rapport à l’art et à la création, de partager une expérience esthétique dans toute sa magnificence, d’en éprouver l’extase, mais aussi la douleur, le chambardement, l’incompréhension, l’éblouissement, jusqu’à rapetisser à l’empan du trouble ressenti.

Le numéro des chapitres respecte la suite de Fibonacci, une suite d’entiers dans laquelle chaque terme est la somme des deux précédents, dont les quotients sont les meilleures approximations du nombre d’or, que l’on retrouve dans la nature et dans l’art, ce nombre étant la proportion géométrique la plus susceptible de provoquer une émotion esthétique. Sachant que la suite aurait été inventée par Fibonacci pour décrire la croissance d’une population de lapins, et que copuler chez le lapin se dit bouquiner, on retombe sur nos pattes.

Lionel Bussière