Papa, maman, deux enfants, les Goldschmidt forment une famille ordinaire.

 

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Hormis le fait que c’est Adam, le père, qui a pris en charge l’organisation quotidienne après avoir mis de côté sa carrière universitaire, tandis que sa femme, médecin, ne compte pas ses heures au chevet de ses patients défavorisés, rien ne la différencie d’une famille anglaise typique. Les deux filles, Miriam, 15 ans, et Rose, 8 ans, sont équilibrées, joyeuses, demandant une attention normale selon leur âge respectif. Puis l’extraordinaire survient. Adam reçoit un coup de fil du collège. Il y a eu un « incident ». Le cœur de Miriam s’est arrêté de battre plusieurs minutes. Si l’adolescente se remet, plus rien ne sera comme avant.

Thème peu engageant s’il en est. Sarah Moss parvient pourtant à rendre son récit touchant, évitant de sombrer dans le pathos, épargnant au lecteur les larmes faciles inhérentes aux histoires d’hôpitaux. Adam se questionne, perd le sommeil, tente de reprendre pied et de replonger chacun dans une routine bénéfique à tous. Le moment est grave et l’avenir incertain, mais si l’angoisse du père à l’idée de survivre à sa fille est parfaitement décrite, si la période est propice à l’introspection et aux souvenirs, l’auteure refuse de faire de son personnage un homme effondré. La vie continue. Ses filles sont pleines de vie et il lui faut suivre le rythme. Rose a du mal à comprendre les bouleversements en cours. Ses questions incessantes, son hyperactivité sont un contrepoint habile à la nouvelle lenteur du foyer et empêche lecteur et narrateur de céder à l’ennui et à l’abattement. De même, Adam se fait surprendre par l’instinct de survie qui subsiste en lui face à sa potentielle dépression. Bien sûr, l’événement le replonge dans sa propre mémoire familiale et ressurgissent l’exil forcé de ses aïeux juifs face à la l’Allemagne nazie et la mort de sa mère par noyade quand il était enfant. Néanmoins, ses agacements dérisoires face aux difficultés quotidiennes, comme conduire dans les embouteillages ou reprocher à sa femme son manque d’implication prennent le pas sur ses réflexions plus profondes, lui rappelant délicieusement qu’il est vivant, que Miriam est vivante et que l’existence est faite de ces petites imperfections.

L’écriture saisit au plus juste les pensées d’Adam. Elle est délicate, tel ce père en détresse.

Marianne Peyronnet