Olivia a tout d’une bombe : la plastique et le caractère.
Pour l’avoir vaguement draguée dans un bar où il grattait la guitare, Max ne tardera pas à connaître sa douleur. Passé le bref état de grâce qui les propulse tous deux façon Cap Canaveral vers un septième ciel couleur chair, il la découvre assez copieusement névrosée, capricieuse et, surtout, sujette à des colères dévastatrices et d’autant plus fréquentes que se met en place une relation toxique, tissée de haine et de dépendance sexuelle. Ni l’un ni l’autre ne lâchera le morceau, malgré l’évidence de leur échec : ni Olivia, chantage au suicide à l’appui, ni Max, aussi velléitaire que persuadé de son génie littéraire, même s’il tarde un peu à se manifester. « Ce qu’il y a de pire avec la douleur, c’est qu’il n’y rien de plus anodin ». Ainsi Max, lucide pour une fois, résume-t-il a posteriori, l’enfer quotidien dans lequel il a fait son nid. Cela vaut-il mieux que l’embourgeoisement qu’il redoute au point de systématiquement fuir tout emploi stable ? Au fond, Max est un naïf et sous les airs dessalés qu’il se donne, c’est un branleur, un apprenti, tout pétri d’admiration pour ses modèles, Henry Miller au premier chef, dont on ressent encore ici l’influence déterminante en matière de crudité démasquée. Mais aussi Simenon, Bukowski, bien sûr, Dostoïevski et, plus généralement ces romanciers d’une humanité sans illusion sur elle-même, pour qui le jus des poubelles vaut bien n’importe quelle encre précieuse quand il s’agit de faire surgir une beauté que l’on n’attendait plus. Double transparent de l’auteur, « héros » prolétaire de plusieurs de ses romans, Max Zajack sera l’un d’eux, dont on assiste ici à la naissance au laminoir.
« Hating Olivia »… Le titre original de cette nouvelle traduction le dit peut-être mieux. Après tout, Olivia est certes un puits d’emmerdes mais elle n’a rien d’une putain. Ou, si putain il y a, c’est une putain d’accoucheuse.
Yann Fastier