Au tout début, il y a Neal. En plein océan, sur un voilier à moitié détruit, il a faim, il a soif.

 

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Mais qu’est-ce qu’il fiche donc là ? C’est ce qu’on va découvrir au fil des pages, dans cette histoire délirante qui remonte le récit depuis les quelques semaines qui ont précédé le naufrage de Neal.

Neal est recouvreur de fonds pour InTerfund, un organisme bancaire basé à Wall Street. Il est à la poursuite de Bryan LeBlanc, trader surdoué qui s’est fait la malle avec plusieurs millions de dollars qu’il a chapardé aux clients fortunés de cette même banque. Son arnaque tient du génie, il a organisé sa fuite vers les Caraïbes dans les moindres détails, jamais personne ne le retrouvera. C’est sans compter le flair de Seo-Yun, sa boss, qui s’associe à Neal pour retrouver Bryan et l’argent dérobé.

Voyage autour du monde, course poursuite sur terre et sur mer, Haskell Smith balade ses lecteurs au même rythme qu’il malmène ses personnages, sans leur laisser le temps de reprendre leur souffle. Rebondissements, alliances qui se font et se défont, tous courent après Bryan, et surtout après le fric qu’il trimbale en liquide, dans des sacs. Il est passé par ici, il est repassé par là, l’enquête avance, recule, se heurte à la mauvaise volonté des uns et des autres. Il fait chaud, il fait moite, ça fait suer de se hâter de la sorte surtout quand la malchance s’en mêle. Et ça fait rire. L’auteur prend un malin plaisir à brouiller les pistes, à placer Neal et ses comparses dans les pires situations. Plus poussés par l’appât du gain que par des grands idéaux, (comme on les comprend), ils n’en pas moins attachants et s’ils se retrouvent impliqués dans des affaires sordides, c’est pas vraiment leur faute. Les déboires leur tombent dessus plus vite que la misère sur le pauvre monde et ils réagissent en fonction de leurs personnalités bien trempées, décalées, loufoques. Seo-Yun, autiste asperger, dit tout ce qu’elle pense, sans filtre. Et que dire de Piet, enquêteur croisé en cours de route, nain priapique qui converse avec les fesses des femmes ?

Alors, qui ramassera le pognon ? Qui survivra à la fin ? Un brin sadique, l’auteur va au bout de sa farce en dessoudant plusieurs de ses protagonistes. Et s’il affuble ses personnages de remords et de mauvaise conscience, lui en est totalement dépourvu, et c’est ça qui est drôle.

Marianne Peyronnet