Elle a dix ans, ou presque. Elle est encore une enfant.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Elle joue, dans les vagues, avec deux garçons, un peu plus âgés qu’elle. Elle les connaît bien, ce sont des garçons, ils ont des jeux bêtes. Ils lui baissent sa culotte et l’emportent. Elle se retrouve nue, court après eux pour la récupérer. Puis s’enfuit dans les dunes et ce sont eux qui la poursuivent, la traquent. Elle n’est plus une enfant.

Vingt ans plus tard, alors qu’elle nous conte son histoire que l’on soupçonne tragique, Virginie, la narratrice, part de ce traumatisme pour dérouler le fil de son histoire d’amour avec Mado, l’été de ses quatorze ans. Non pas qu’elle prétende que cette anecdote désagréable soit l’élément déclencheur de son homosexualité, ce serait trop simple. Et ce serait faux. Si les jumeaux lui ont fait prendre conscience qu’elle sera désormais, pour tous, un être sexué, ils n’ont été qu’un lien. Avec la sauvage et sensuelle Mado dont ils sont les demi-frères et avec un lieu, cette cabane de pêcheur, son carrelet perdu dans les dunes, qui sera plus tard le refuge des deux adolescentes et où, acculée par les deux presque hommes, elle passa seule cette nuit-là.

Virginie et Mado s’aiment, donc, cet-été-là, en cachette, non par honte mais pour se préserver, vivre plus intensément, à l’abri des autres. Ces autres, parents, camarades de classe, qui ne sont que des ombres quand Mado est le soleil. Car Virginie, surtout, aime Mado. Et elle ressent cet été-là, en même temps qu’elle les découvre, des émotions si intenses qu’elle ne les éprouvera plus jamais. Elle vit l’amour absolu. La passion, les doutes, les tourments.

Ecrire un roman d’amour est un exercice périlleux. Raconter l’intimité, l’éveil à la sensualité à hauteur d’adolescentes, sans tomber dans la caricature, est une prouesse. Marc Villemain y parvient et livre un virtuose roman d’amour. Tout en délicatesse et fougue, avec des mots justes, Mado explore l’éventail des sentiments, sans mièvrerie, sans voyeurisme, sans euphémisme non plus. Marc Villemain dit comme rarement cet âge exalté où le cœur bat vite et fort, où l’on est sûr de tout et de rien. A croire qu’il a été une ado de quinze ans, dans une autre vie…

Marianne Peyronnet