Le temps a passé depuis Kobane calling et, d’obscur fanzineux, Zerocalcare est désormais passé star de la BD, italienne et tout court.

 

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Pas facile à gérer, ça, entre les sollicitations chronophages qui ne manquent pas d’affluer et un sentiment de culpabilité bien ancré qui l’amène à ne jamais savoir dire non. Et puis il y a l’âge aussi : il a vieilli, tout comme sa bande de potes, mais ont-ils mûri ? Bien sûr Sanglier se marie et Secco – quasiment analphabête – est devenu prof ! Mais Sarah, même diplômée, végète dans un boulot de merde, Katja ne parvient pas à faire bouger son copain L’arnaque, pétrifié dans sa bulle entre joints et Campari. Aussi, quand, tous, ils sollicitent Zero pour un projet commun auquel sa soudaine notoriété pourrait apporter la touche finale, comment pourrait-il refuser ?

Zerocalcare n’a décidément pas son pareil lorsqu’il s’agit de fictionner sa propre vie. Ou, du moins, doivent-ils s’y mettre à deux : disons Michel Rabagliatti et Boulet, excusez du peu. Le premier pour l’empathie qui fait de chacun de ses albums une petite merveille d’humanité. Le second pour l’autodérision, qui le pousse à de fréquentes embardées assez désopilantes sur ses propres ressorts et ficelles. La somme des deux fait un mélange à la saveur unique, un peu douce-amère, certes pas toujours très bien servi par un dessin aux séductions limitées, mais qui se soucie encore du dessin quand l’humour met une telle grâce à s’allier à la tendresse ? Mixant les registres avec toute l’énergie d’un vrai DJ hardcore, Zero se maintient avec un bel équilibre entre fiction et analyse tout en chapeautant son récit d’un brin de fantasy post-apocalyptique, en organisant la survie néopunk de sa petite bande au cœur de la nuit qui s’annonce… dans le prochain épisode.

Yann Fastier