Quelques minutes après son décollage, le jet privé de David Bateman, magnat de la presse, s’écrase entre l’île de Vineyard et New York.

 

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A son bord, il y avait onze passagers. Deux seulement survivent, Scott Burroughs, artiste peintre en mal de reconnaissance, monté dans l’avion un peu par hasard, et JJ Bateman, quatre ans, désormais orphelin et héritier d’une fortune.
La scène du sauvetage du petit garçon par Scott, par chance excellent nageur, se débattant dans les eaux sombres, se guidant aux étoiles pour atteindre la rive, l’enfant accroché dans son dos, pose les bases d’un récit qui entremêle passages concernant les répercussions de l’accident sur la vie des rescapés, et ceux touchant à comprendre le pourquoi du crash. Les enquêteurs remontent le fil à mesure des découvertes des boîtes noires et des corps, et en passant au crible les relations entre les différents protagonistes. Qui avait intérêt à ce que la tragédie ait lieu ? S’agit-il d’une erreur de pilotage, d’un sabotage, d’un attentat ? Qui étaient vraiment ceux qui sont morts ? Scott est-il digne de confiance ?
L’existence des personnages est tour à tour décortiquée, autopsiée et l’auteur fait de ces fragments de très beaux chapitres sur les liens entre les êtres, entre les hommes et les femmes, sur la douleur du deuil, sur la vie qui va.
Ce n’est pas la résolution de l’énigme, dans les toutes dernières pages du roman, qui fait l’intérêt d’Avant la chute, mais bien l’analyse sociologique et psychologique que fait Hawley d’un fait divers qui passionne la presse à scandales. Les victimes étaient milliardaires, mettre le nez dans leurs affaires, forcément louches, ravit un public prenant sa revanche sur une élite aisée ; tandis que Scott se retrouve pris dans la tourmente, devient le point de mire d’une Amérique avide de sensations malsaines, la proie de médias prêts à tout pour salir, même à inventer. Les héros font moins vendre que les salauds, et Scott tente de surmonter les calomnies, déclenchant chez le lecteur une empathie féroce envers cette victime d’une machine à broyer, peu importe qu’il s’agisse d’un artiste ou d’un petit gosse que le désespoir a rendu muet.

Marianne Peyronnet