« Si tu crois que la violence ne résout rien, c’est que tu ne tapes pas assez fort. »
Tourner un film est un art difficile. Discipline, précision, maîtrise sont des qualités indispensables à la bonne réalisation des objectifs. Le moindre grain de sable et tout est par terre. Alors, Durringer entasse les grains de sable jusqu’à en faire une dune, pour livrer un roman désopilant, pour le coup parfaitement orchestré. Décor : la Corse. L’intrigue du long métrage : une histoire d’amour entre un malfrat et une belle rencontrée sur la route. Tout est en place ? Moteur ! Action ! … Coupez ! Tout part en vrille, les gaffes s’accumulent et le destin s’en mêle. Le pauvre Corso, réalisateur, fait de son mieux, mais il n’est pas aidé. Déjà, on lui a imposé l’acteur du rôle principal. Joseph Monterey, belle gueule de truand, normal, il vient de purger dix-sept ans de taule. Bon, il refuse de dire son texte, sous prétexte que les gangsters n’utilisent pas ce vocabulaire et se met à tabasser sa partenaire en pleine scène d’amour. Elle, Alice, n’a pas détesté se faire quelque peu rudoyer et demande qu’on réintègre le malheureux. Déjà remplacé par un comédien has been qui casse la voiture du producteur lors d’une course poursuite. Ben, il n’a pas le permis, aussi… Vous l’aurez compris, Durringer s’amuse beaucoup à faire tous les croche-pattes possibles à ses personnages, lesquels enchainent crises de nerfs et bagarres dans une ambiance de plus en plus survoltée à mesure que passent les jours et que l’argent file. Bras cassés attachants ou vrais pénibles, le casting est digne d’un roman de Westlake, et les dialogues à la hauteur. Cocasse, sans prétention, véritable série B populaire, Making of mérite vos applaudissements.
Marianne Peyronnet