On ne s’attendait pas à ce que Steve Jones ait inventé le fil à couper l’eau tiède, nous voilà rassurés :

 

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il est fidèle à l’image de gros balourd qui lui a toujours collé à la peau. Sans lui, bien sûr, les Pistols n’auraient pas été le groupe emblématique qu’ils sont devenus. Son talent de guitariste n’est pas à remettre en question. N’empêche, à la lecture de son autobio, on se dit que s’il avait été leur porte parole, ils n’auraient été qu’un groupe de rock de plus, sans vision, avec pour seule ambition de faire du bruit et de se marrer (ce qui n’est déjà pas mal). N’est pas Rotten qui veut. Là où les bouquins de Lydon témoignent d’un esprit caustique jubilatoire, celui de Jones peine à décoller des champs de pâquerettes et si l’on veut bien croire que le premier n’a eu besoin de personne pour rédiger ses mémoires, le second a dû s’aider d’une plume pour pondre un récit poussif, écrit trente ans trop tard pour vraiment intéresser. Mais fi des comparaisons. Faisons comme si on ne connaissait pas par cœur l’histoire du mouvement punk britannique et concentrons-nous sur le cas Jones. Elevé dans un quartier populaire du west London par une mère célibataire très jeune, petit Stevie s’est vite senti en trop. Quand son beau-père le force à lui toucher le zizi, il n’y a personne pour l’écouter. Difficile de se construire dans un tel environnement. Steve Jones revisite toute son existence à l’aune de ce violent traumatisme qui lui fait quitter le domicile familial pour aller chercher ailleurs ce qui lui manque. Du fric, des sapes et du matos, qu’il pique partout où il passe. Et de l’amour, qu’il comble dans les bras de toutes les filles qui veulent bien satisfaire ses pulsions sexuelles démesurées. Toutes folles de lui, toutes dingues de son côté bad boy. Il traversera ainsi les années Pistols sans trop comprendre ce qui lui arrive, occupé principalement à chasser la femelle et à se défoncer. Puis exilé à LA, camé pathétique, membre d’un tas de groupes qu’on n’a pas envie d’écouter, il finira par reprendre sa vie en main. Aujourd’hui DJ d’une célèbre émission de radio, il a appris à lire, a arrêté les drogues, l’alcool, il mange sain, il fait de la moto avec ses copains trop sympas. Chouette. Les moins de vingt ans trouveront sûrement dans ces pages de quoi parfaire leur culture rock. Les autres, et malgré ses « vous allez voir ce que vous allez voir, dans quelques pages, le scoop du siècle », peineront à trouver du piment dans cette confession, dans ce mea culpa certes sincère, mais rempli de psychologie à deux balles, d’auto- apitoiement et regretteront un flagrant manque d’humour et de recul et surtout que Jonesy n’assume pas ce qu’il a toujours été, un gros balourd.

Marianne Peyronnet