Félix est volage, frivole et dépensier.
Son père vient de mourir sans qu’ils se soient réconciliés : autant dire qu’il déprime. Meira aime son bébé, la musique noire, rire et dessiner. Elle vit dans la communauté juive ultra-orthodoxe de Montréal : autant dire qu’elle s’emmerde. De la rencontre de hasard de ces deux êtres que tout oppose naît un amour fragile, volatil, presque tremblant. Meira se surprend de son audace, Félix de son réel attachement pour cette jeune femme farouchement timide que tout étonne dans un monde dont elle a toujours vécu retranchée. Ecartelé entre un amour sincère et la rigidité d’un dogme qui bride tous les élans, son mari ne la comprend plus : elle le quitte pour une liberté dont le goût, malgré les efforts de Félix, s’avérera plus doux-amer que sur l’affiche.
Un petit film, dira-t-on sans doute avec raison, mais un petit film sincère, intelligent et sensible, assez pour ne condamner personne et conserver d’un bout à l’autre une jolie demi-teinte automnale, sans grand drame de la passion ni happy-end béat, une sorte de feel not so good movie en somme, assez rare dans un monde avide de simplifications de toutes sortes. Et ça, ça fait vraiment du bien.
Cerise sur le strudel, on reconnaîtra au passage, dans un petit rôle de composition, le multi-talentueux Josh Dolgin, alias SoCalled, rappeur klezmer en titre de la scène montréalaise !
Yann Fastier