Comment ? Vous n'écrivez pas ? Mais comment faites-vous ça ?
Non pas que ce soit facile, ou à la portée de tous, mais il n'y a pas de honte à essayer.
C'est ce que j'ai retenu de ma première lecture de « pourquoi vous pas » (http://www.eric-chevillard.net/t_pourquoivouspas.php) d'Eric Chevillard, mais ce n'était pas ma première rencontre avec ses écrits. Quelques mois plus tôt, j'avais découvert son blog, suite aux conseils d'un ami, et commencé à suivre les trois petits textes quotidiens de façon assidue.
En effet, depuis 2007, Chevillard dévoile l'autobiographie fictive d'un personnage un rien fantasque, en dégommant systématiquement tout ce qui peut s’apparenter de près ou de loin à de la logique ou du raisonnable :
- « Sur son canapé de cuir, le téléspectateur au regard bovin ressuscite miraculeusement la vachette ».
- « Souvent, nous ne sommes pas à notre avantage sur la photo, grimaçants, comme défigurés, alors que les sept moutons sur le coteau derrière sont toujours très réussis, très ressemblants quant à eux, tous les sept, et seraient-ils trois cents de même, parfaitement moutons, pas un avec une tête de veau, pourquoi »?
- « Là, là ! répète Agathe, agacée parce que je ne vois pas ce qu’elle me désigne, et qui pointe désespérément le doigt dans sa moufle ».
- « Ce n’est qu’un modeste cadeau, me dit-elle avec une moue coquette en me tendant un petit paquet. Et ma foi, je fus bien obligé d’en convenir. »
Au bout d'un moment il faut s'y résoudre, Chevillard chevillarde, bien présomptueux celui qui prétendrait l'égaler dans l'art du fragment, il ne saurait assez polir son faible éclat de littérature.
Allez ! Quand même j'essaie :
- « L’autofiction est comme une mycose au pied d’airain de l’autobiographie, ça démange un peu. »
Et voici qu’Eric Chevillard, tel un trublion facétieux qu’aucun excès n’effraie, compose chaque jour sous nos yeux la figure d’un héros improbable au fil d’une trinité instable que chaque matin dévoile, ou plutôt, Chevillard chaque jour publie trois petits textes sur son blog, et c’est bon… Comme un plaisir n’arrive jamais seul, les huit premières années sont parues sous forme papier, toutes chez L’arbre Vengeur.
http://autofictif.blogspot.fr/
Lionel Bussière