19 avril 1984. Concert de WC3 pour la sortie de leur deuxième album La machine infernale.
Olivier Hodasava a 17 ans. En fan absolu du groupe de Saint Quentin, il est aux premières loges. Au milieu du set, Janine quitte la scène. Son Farfisa se tait. The show must go on. Le chanteur guitariste et le bassiste assurent et la boîte à rythme LinnDrum, elle, n’a pas d’état d’âme. Janine, de son vrai nom Françoise Wald ne reviendra pas. Overdose de médics. Elle sera retrouvée dans leur voiture, à la place du mort ; elle succombera dans la nuit. Trente ans après, alors que son père vient de mourir et qu’il trie des papiers, l’auteur retombe sur l’affiche qu’il avait fait dédicacer ce soir-là. Il part à la recherche de Janine. Qui était donc cette fille aux allures de garçon manqué qui souriait si peu ? Chroniques dans des magazines nationaux, passages télé, vidéos, WC3 a laissé une empreinte durable dans l’histoire du rock français. Premier album en 82, Moderne musique sort chez CBS. New Wave, post-punk, plus Starshooter/Joy Division que Téléphone, les ex A 3 dans les WC, trop noirs, peu malléables, se font peu à peu lâcher par la major. Le suicide de leur claviériste sonne le glas. Les chapitres alternent entre histoire du groupe et compte à rebours du drame. Sans voyeurisme aucun, sans suspense malsain. Coupures de journaux, témoignages des proches, polaroïds, l’enquête est solide. L’auteur évoque des hypothèses, propose des pistes, invente des dialogues. Il ne trouve pas Janine. Enigmatique, héroïnomane, elle est trop secrète pour se laisser apprivoiser. Juste approcher. Conservatoire. Mère très croyante. Père très absent. Air revêche d’ado en colère. Belle. Sauvage. Solitaire. Libre. 25 ans d’une vie. Toute une époque. Celle des beaux jours de la presse spécialisée, des paroles en français, des surnoms débiles, des mèches rebelles, des fringues en couleurs. Le début des 80’s.
Marianne Peyronnet