Lors d’une réunion d’anciens élèves de Janson-de-Sailly, l’ennui menace de s’abattre sur l’assemblée clairsemée.
Pas grand-chose à se dire après toutes ces années. Pour sauver la soirée, l’on invente un jeu, raconter sa première histoire d’amour. Le narrateur est prié de s’exécuter.
Habile introduction, prétexte à la confidence, par Romain Slocombe poussé à livrer ce moment intime de son existence. Le « je » est de mise dans ce texte court où l’écrivain revient sur cet été 64, alors qu’il avait onze ans, et passait ses vacances à St Jean de Luz. L’enfant timide y faisait la rencontre de Catherine, aussi belle et blonde que Deneuve qui débutait au cinéma. La plage, le sable chauffé au soleil, les chansons de Françoise Hardy, propices aux premiers émois, seront les témoins d’un amour resté chaste et dont l’évocation permet à l’homme mûr diverses réminiscences et considérations sur cette époque enchantée, ces joyeuses 60’s, semblant présager d’un avenir radieux.
Portrait sensible d’un jeune garçon gauche, inquiet, sensible au mépris insidieux des représentants d’une classe sociale aisée dont il ne fera jamais complètement partie, L’été 64 relate avec finesse des souvenirs où quelques nuages assombrissent parfois la clarté du ciel d’août. Souvenirs dont on ne saura jamais quelle part d’invention ils recèlent ou quelle part de vérité ils cachent.
Slocombe, en tout cas, s’est plié avec bonheur à l’exercice dicté par les Editions du petit écart, répondant à leur « proposition insolite faite à un auteur qui l’entraîne hors de ses sentiers littéraires habituels », à leur « envie de faire du livre un espace de rencontres entre des artistes », ici avec Loustal qui a dessiné la couverture de cette publication soignée.
Marianne Peyronnet