La vie comme une course d’obstacles.
Un groupe d’adolescents court le long d’une interminable piste d’athlétisme. Ils se perdent parfois, font des rencontres, bifurquent, se blessent, se quittent et se retrouvent quelquefois, jusqu’à se trouver eux-mêmes.
Certainement l’un des albums les plus étranges de l’année 2021, mais aussi l’un des plus attachants sous des dehors austères qui en rebuteront peut-être quelques-uns : tout en niveaux de gris, dans un style épuré hérité de la ligne claire hergéenne parfois proche du dessin d’architecture, le récit, très visuel (le texte y a une place à la fois très ponctuelle et spécifique), alterne les techniques narratives, exigeant une attention soutenue de la part du lecteur. Il sera néanmoins récompensé par la poésie diffuse mais très réelle qui imprègne chaque page, où le décor fourmillant de détails tient un rôle à part entière. Inspiré de vrais parcours de cross, entre nature sauvage et aires de jeux, il est à la fois singulier et familier, et comme vu à travers le prisme d’une conscience en éveil.
Né à Brighton en 1981, graphiste et illustrateur avant tout, Henry McCausland rejoint avec cet album la petite équipe de coureurs de fond qui, à l’instar d’une Posy Simmonds, d’un Tom Gauld, d’un Jon McNaught ou d’un Joff Winterhart ont su depuis quelques années renouveler en profondeur la BD britannique et, il faut bien le dire, la tirer du marasme où elle végétait depuis longtemps.
Yann Fastier