Deuxième épisode de la série Six Versions, La Tuerie Macleod voit le retour de Scott King et de son podcast dans lequel il décortique les méandres de crimes non résolus en interviewant tour à tour six protagonistes.

 

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L’affaire concerne ici Arla Macleod qui a défoncé à coups de marteaux les crânes de sa mère, de son beau-père et de sa sœur cadette, un soir d’hiver en 2014. Arla, déclarée irresponsable, est placée depuis dans un hôpital psychiatrique.

Retour sur une affaire qui avait fait grand bruit et n’avait pas manqué de relancer les débat les plus nauséabonds. Comment une jeune femme avait-elle pu commettre une telle horreur ? N’était-ce pas à cause de cette musique de sataniste qu’elle écoutait ? (Arla était goth) Est-ce qu’elle était vraiment folle ou avait-elle prémédité cette boucherie ?

En donnant la parole à divers interlocuteurs, Matt Wesolowski évite les redites, multiplie les points de vue et fait avancer notre connaissance d’Arla et de son environnement sans ennui aucun. Le mécanisme est ingénieux et largement confirmé dans ce nouveau volume. L’auteur crée des voix, alternant celle de son héros et des personnes qu’il a retrouvées et choisies pour cette affaire. Et surtout il crée une proximité. King s’adresse à nous, conte les difficultés rencontrées et, comme lorsqu’on écoute la radio, nous enferme dans un cocon qui, sans être confortable, est puissant.

L’analyse psychologique des personnages est poussée. Errance adolescente, harcèlement, amitiés indéfectibles ou pas, mal-être et attirance pour le sombre, Arla semble avoir connu les affres de cet âge plus qu’aucune autre. Le milieu parental et les méthodes d’éducation sont décrits avec minutie, posant le doigt sur des pistes permettant de peut-être expliquer le geste terrible qu’elle a commis. Le tout mâtiné d’un soupçon de fantastique, malsain au possible, reprenant des histoires à faire peur circulant sur la toile et faisant frissonner.

Scott King le redit, il n’est pas là pour juger, simplement mieux comprendre, et par là il nous place dans cette même posture, à distance, pour appréhender un fait divers qui parle, au fond, de notre époque, des dérives d’internet et ses trolls, de la haine anonyme qui peut tuer, des enfants perdus dans un océan de solitude.

Marianne Peyronnet