On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre quand on commence un livre de Chomarat.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Pourtant, qu’il s’agisse de ses souvenirs d’enfance avec Le fils du professeur, de ses parodies de polar déjantées, comme Le polar de l’été, ou Le dernier thriller norvégien, on devine qu’on va savourer un moment de dinguerie, de distance et d’humour avec un auteur, et nous l’en remercions, qui ne nous prend pas pour des imbéciles. Quelqu’un capable d’écrire cette sentence imparable si caractéristique de son style : « Le changement climatique viendra à bout du polar nordique » ne peut que mériter notre sympathie.

Question loufoquerie et franche rigolade, L’invention du cinéma s’inscrit parfaitement dans la ligne farfelue constituant son œuvre, assez proche de ce petit bijou qu’était Un petit chef-d’œuvre de la littérature, qui nous contait par sa bouche même les aventures d’un roman conçu pour être un petit chef-d’œuvre de la littérature. En moins romancé, puisqu’il s’agit ici de courtes réflexions sur des sujets aussi primordiaux que de savoir « pourquoi ils étaient tous barbus », en référence aux réalisateurs des 70’s, ou autre « Bip Bip », où l’essayiste se demande quelles sont les différences entre cinéma et dessin animé, avec pour conclusion : « Duel, le tout premier Spielberg, est à tout prendre un simple remake de Bip Bip.»

Tout au long de l’ouvrage, tout en digressions, anecdotes dont on ignore la véracité, Chomarat tente de répondre définitivement à la question d’enfin mettre un nom sur les véritables inventeurs du cinéma. Pour cela, il reconstitue sous nos yeux ébahis des dialogues subtils entre les frères Lumière et Méliès, analyse par le menu différents monuments du septième art, et donne ses conclusions : « Le voyage de la lune fut un triomphe aux Etats-Unis. C’était un peu Star Wars dans l’autre sens, un film français de space opera truffé d’effets spéciaux astucieux et bien bricolés qui traverse l’Atlantique et provoque un raz-de-marée inattendu. »

Anachronismes, absurdités pour un petit livre amoureux du cinéma, qui cache sous une désinvolture assumée, une connaissance approfondie du sujet, et nous en apprend plus, sans se prendre au sérieux, que beaucoup de traités de spécialistes. Pour preuve : « Dans un film porno, les acteurs jouent faux, et on s’en fout, parce qu’on attend la scène de cul (…) Dans un film porno, quand un garçon rencontre une fille, ils parlent d’amour immédiatement. Et il n’arrête pas de la toucher, et elle n’arrête pas de le toucher, même s’ils ne se connaissaient pas il y a encore cinq minutes. On sait que ça n’arrive pas dans la vie, mais on s’en fout, la scène de cul arrive. Dans un film d’Eric Rohmer, c’est tout pareil, sauf que la scène de cul n’arrive pas. »

Marianne Peyronnet