Ersin Karabulut est né en 1981 à Istanbul.

 

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Dessinateur humoristique et auteur de bande dessinée désormais très connu en Turquie, il raconte ici son parcours, depuis ses premières rencontres assez surprenantes avec la BD jusqu’à sa professionnalisation dans la revue Penguen, après une adolescence passée à courir les rédactions pour placer ses dessins dans les innombrables feuilles de chou satiriques dont raffolait un pays qui, semble-t-il, en avait bien besoin. Car, au-delà de sa propre histoire, c’est surtout de la Turquie dont il est ici question. Issu d’une famille kémaliste, donc laïque, et plutôt de gauche, Karabulut témoigne de la réalité d’un pays fortement polarisé, travaillé par les passions politiques et miné depuis longtemps par le poison nationaliste. Les îlots de liberté sont rares et c’est avec stupéfaction qu’il découvre, adolescent, le quartier de Beyoğlu, le Greenwich Village stambouliote, à mille lieues de l’étroitesse haineuse qui règne partout ailleurs et d’abord dans son propre quartier. Il témoigne encore de la montée en puissance de l’islamisme, concomitante à l’ascension de Recep Tayyip Erdoğan, politicien retors et depuis lors indéracinable autocrate d’une Turquie un rien désespérante.

Ce premier tome s’achève à l’orée des années 2000, alors qu’Erdoğan, qui n’est que depuis peu Premier ministre, n’a pas encore pris toute sa mesure de despote. Déjà, pourtant, se multiplient les attaques contre la presse, les procès, les menaces à peine voilées, à tel point que Karabulut, qui ne se donne jamais le beau rôle, hésite à persévérer dans un métier pouvant, très concrètement, l’envoyer en prison, si ce n’est ad patres. Il persistera cependant, et ce sera sans doute l’objet du deuxième tome de ce Journal dont il faut bien avouer que le sujet très inhabituel fait en grande partie la séduction face au dessin, assez vilain.

Yann Fastier