Deux adolescents se rencontrent lors d’un concours d’écriture et se reconnaissent au premier regard.

 

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Ils sont seuls, sans amis, et deviennent peu à peu chacun l’un pour l’autre un monde infini. C’est un de ces amours complets, singuliers, insondables auxquels l’adolescence exclusive fait une place dévorante. Chaque semaine ils se retrouvent, dans un parc ou au bord d’une rivière, et vivent une passion entière, mais platonique, dans l’attente d’un endroit où ils puissent s’accomplir. Un jour la jeune femme ne vient pas au rendez-vous, elle ne donnera plus jamais signe de vie. Alors l’amoureux s’enferme dans l’attente de celle qui était comme son ombre, jusqu’à perdre la sienne en se réfugiant dans une cité imaginaire qu’ils avaient inventée et construite tous les deux comme un refuge. Un lieu étrange, séduisant et maléfique, où il va tenter de retrouver une image de celle qu’il aime, puis s’enfuir insatisfait face à cet avatar insipide, pour retrouver sa complétude (son ombre). Le réel et l’imaginaire s’imbriquent étroitement dans cette trame tissée serrée où le narrateur, séparé en deux versions de lui-même, cherche sa vie perdue, voyageant entre deux mondes métaphoriques, vivant à la fois son histoire dans un lieu imaginaire et étrange, où il travaille dans une bibliothèque qui ne contient que des vieux rêves qu’il doit lire chaque jour, comme pour purger une mémoire douloureuse, et celle de son ombre, qui quitte une vie trépidante à Tokyo pour aller travailler dans une petite bibliothèque privée dans le nord du Japon, et tenter de retrouver un semblant de vie normale. Une multitude de personnages gravitent autour de lui, et lui renvoient comme des miroirs des bribes de solutions à l’énigme de son existence. Ils cheminent, parallèles, comme les ruisseaux de la cité équivoque, vers la conclusion de ce roman où le réel et l’incertain, le concret et l’intangible, se côtoient comme dans un monde flottant où chacun aurait une ombre.

Lionel Bussière