Le superintendant Wu officie à Taiwan.
Il trouve suspectes les morts de deux officiers survenues dans son secteur, d’autant que les autorités semblent vouloir faire passer ces décès pour un suicide et un regrettable accident, bref le forcer à bâcler l’enquête. Wu est à quelques jours de la retraite mais il n’est pas du style à lâcher l’affaire. Entre sa femme qui est du genre à faire la gueule et son père qui s’acharne à cuisiner pour toute la famille sans qu’on lui ait rien demandé, Wu voit aussi son métier comme une échappatoire pratique. Et surtout, il n’aime pas qu’on le prenne pour un imbécile.
A l’autre bout du monde, à Rome, le tireur d’élite Ai Li, dit Alex, dessoude, sur ordre des services secrets, un conseiller en stratégie du président taïwanais attablé à la terrasse d’un café. Sa mission accomplie, Alex est suivi par un homme mystérieusement au courant de ses faits et gestes, de ses planques, et prêt à tout pour l’éliminer. Il va être obligé de rentrer à Taipei pour tirer l’affaire au clair, et trouver Wu en travers de sa route.
Survitanimé, exotique, Le sniper, son wok et son fusil est une belle surprise qui reprend à son compte les thèmes classiques du genre en les transposant dans un environnement surprenant pour le lecteur européen, sans le perdre. Courses poursuites, affûts, milieux interlopes, enquête mêlant habilement complot politique et intimité des protagonistes, le roman se lit à la vitesse des agissements et des voyages d’Alex. Très vite. Agrémenté de passages et dialogues à l’humour féroce, de dégustations de plats dont on aimerait connaître les recettes, le plaisir est indéniablement lié à la découverte de personnages inquiétants ou attachants, dont on espère bien qu’ils seront repris par l’auteur dans un prochain volume.
Marianne Peyronnet