Lazare élève seul son petit garçon, Feu de Bois, dans une cabane au bord de la rivière.

 

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Un matin, tandis que son fils est à l’école, le soleil ne se lève pas. Et la pluie se met à tomber, à torrents. Commence un long périple, chacun des deux protagonistes partant à la recherche de l’autre, s’efforçant de gagner un refuge, en haut de la montagne.

Si les foudres du ciel s’ abattaient sur nous, que les eaux montaient au risque de tout engloutir, serions-nous préparés, mériterions-nous de seulement survivre ? Telles sont les questions posées dans ce roman d’une noirceur d’encre, auxquelles l’auteur se retient bien d’apporter des réponses, laissant le lecteur patauger dans le cloaque poisseux perpétré par le déluge. Déluge qui n’est pas sans nous en rappeler un autre, ancien, historique ou mythique, auquel l’Humanité a survécu semble-t-il puisque d’autres s’en sont fait écho. Faut-il, cette fois encore, que l’Homme s’en sorte, qu’il ait la chance de créer un monde nouveau, lui qui est responsable de la destruction programmée de son environnement ?

Le récit du périple des principaux personnages, réincarnations de figures mythologiques ou bibliques survivant à l’Apocalypse, ou ultimes lanceurs d’alerte, si proches de celui de tant d’hommes maintenant ou demain, fait boire la tasse. C’est nous, cet individu qui se lance sur les routes, acculé, obligé de se mêler de nouveau à ses semblables, lui qui avait depuis longtemps fui leur compagnie. C’est nous, ce petit garçon, innocente victime des pluies diluviennes. Dans leur quête d’un nouvel Eden, ils croisent d’autres hommes, d’autres nous, chacun vivant à sa façon, pas toujours des plus belles, la fin de son monde.

Tout n’est pas fini. Dans cette obscurité terrifiante, dans cette solitude immense, de faibles lueurs persistent, des sons rassurants subsistent. Des feux restent allumés, phares pour les âmes en peine, auprès desquels on peut se réchauffer, parler, inventer des poèmes et jouer de la musique. On peut toujours danser.

Roman cruel, poétique, Après nous le déluge, plein de fureur, de terreurs incarnées, mais aussi plein d’amour, se révèle inclassable. Autant réaliste que post-apocalyptique, onirique que futuriste, horrifique que sensuel... peu importe, il est avant tout une belle œuvre de la littérature.

Marianne Peyronnet