Qui n’aura pas pleuré à la lecture de cet album n’a pas de cœur.

 

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On a beau ne pas raffoler des chiens, comment ne pas être ému aux larmes devant la mort de ce vieux Tam ou les retrouvailles d’une petite fille avec sa chienne réquisitionnée par l’armée ? C’est décidément toute la force et le talent de Taniguchi que d’être capable en tout temps de forer la couenne épaisse du vieux baroudeur que vous êtes pour aller chercher dessous un petit cœur qui bat. Pour mémoire, Jirô Taniguchi (1947-2017) est un auteur de mangas. Relativement peu connu dans son propre pays, il devint une star en France après la publication de L’homme qui marche (Casterman, 1995) et, surtout, de Quartier lointain (Casterman, 2002-2003), venant battre en brèche l’idée bien ancrée dans les têtes molles de nos pédagogues, parents d’élèves et autres vieux selon laquelle le manga rendrait gaga. Les bandes dessinées de Taniguchi sont douces, contemplatives, littéraires et d’une belle humanité. C’est sans doute pour cela qu’il aimait tant parler des animaux. « Nos compagnons », ce sont évidemment nos chiens, nos chats, nos nièces, tous ces petits animaux dont nous avons appris à décorer nos existences, sans rien leur demander que d’être là pour nous accompagner dans cette vie pas toujours si chienne, et les accompagner à notre tour quand le moment vient de se quitter.

Jirô Taniguchi nous a quitté, lui aussi, mais son œuvre court sur son erre. En témoigne ce nouveau recueil qui, en fait, n’en est pas un puisque publié précédemment sous le titre un peu moins parlant de Terre de rêves (Casterman, 2005), dans une version presque identique. Le procédé est toujours un peu cavalier, mais on va dire que le vôtre avait pris la lumière et qu’il était temps d’en changer…

Yann Fastier