Barbara en veut et elle en a. Capitaine de l’équipe féminine de foot de Rosigny-sur Seine, elle ne laisse personne lui marcher sur les pieds.
Ni sa mère qui la presse de laisser le ballon pour le bac, ni le beau Bilal qui lui fait un gringue intéressé, ni, surtout, la direction du club qui, ayant vu baisser sa subvention, choisit de tout miser sur les mecs pour le championnat. Ulcérée, Barbara leur lance un défi : un match entre filles et garçons, pour les départager et – mine de rien – décider de son propre avenir.
La récente coupe du monde a mis en lumière le foot féminin et c’est tant mieux : moins soumis à l’argent, plus proche de l’élan populaire qui présida jadis à l’envol du ballon rond, le foot féminin reste une affaire de passionnées et, pour beaucoup, un symbole d’émancipation à l’heure où les revendications féministes se font de mieux en mieux entendre.
Cette BD tombait donc doublement à pic et son succès public ne doit évidemment rien au hasard. Cela ne lui enlève rien : une histoire solide portée par des dialogues percutants, un découpage savant, particulièrement efficace dans les scènes de match, un graphisme, surtout, d’une belle nouveauté, tout en rondeurs faussement naïves, traces de feutre et couleurs pop, tout concourt à faire de Saison des roses l’un des plus beaux buts de l’année, justement sélectionné pour le prochain festival d’Angoulême.
Et c’est aussi la preuve définitive – s’il en faut encore au dernier carré des boutonneux de la « bédé » ̶̶ que les filles sont définitivement bel et bien là, dans le foot comme dans les petits mickeys.
Eh ouais, les gars !
Yann Fastier