Biscuit, 18 ans, orphelin de père, vit avec sa mère Hortense, sa sœur Denise et son petit frère Royston.

 

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Elever une famille quand on est une femme seule n’est pas chose aisée, d’autant plus à Brixton, dans la banlieue sud de Londres, au début des 80’s. Chômage, logements insalubres, violences policières, mépris affiché par Thatcher envers les classes populaires et notamment envers la communauté jamaïcaine dont Biscuit est issu… la colère monte parmi les habitants du quartier. Pour améliorer l’ordinaire autant que tromper son ennui, l’ado deale un peu, vole un peu et traîne dans les rues en observant les évolutions de son monde.

Redemption Song, dès les premiers paragraphes, vous attrape et vous plonge en immersion. Reproduction des accents venus d’ailleurs, vocabulaire imagé des jeunes du ghetto, reggae omniprésent, l’ambiance sonore donne le ton. Cuisine exotique aux notes épicées, fumet de cannabis exhalent des senteurs obstinées. Les pensées de Biscuit révèlent les tensions familiales et sociales qui le heurtent. L’intime et le dehors se fondent, campés sur le même rythme. Alex Wheatle situe son intrigue à quelques jours des troubles qui enflammèrent la cité en 1981, compte à rebours éprouvant contenant toute la violence à venir, porteur d’une tension électrisant les cœurs et les pages, comme un écho aux éclats de voix venant de l’intérieur du foyer de Biscuit, ces engueulades entre Hortense et Denise menant à la rupture. Puis les émeutes déferlent, vues du dedans, comme le souffle d’une explosion, l’orage qui éclate avant le retour au calme.

Alex Wheatle vivait à Brixton à l’époque. Il a participé à l’insurrection. Il aurait pu choisir de raconter ce bout d’histoire et de terre anglaise à la première personne. En lui préférant la voix de Biscuit, il en fait un témoin des discriminations et des conditions difficiles dont son entourage est victime sans être partie prenante et peut parler de la fierté d’appartenir à un peuple et un milieu social sans exclure. Evitant le pathos d’une implication trop profonde, par la distance, il donne aux rires et larmes d’un autre une force inégalée.

Marianne Peyronnet