Après avoir bourlingué des années à travers les Etats-Unis, John Kaimon pose ses fesses sur une plage de Floride.

 

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Là, il observe le drôle de comportement d’une bande d’allumés. Karatékas aux ordres d’un certain Belt, la troupe enchaîne entrainements et combats, sans retenir les coups. Fasciné, notamment par Gaye Nell Odell, somptueuse blonde athlétique, il décide d’intégrer la troupe.

Quatrième roman de Harry Crews, publié pour la première fois en 1971, Le karaté est un état d’esprit, méritait une traduction tant il est porteur des thèmes et obsessions de l’auteur et s’intègre, telle une pierre de soutènement, dans son œuvre hallucinée. Bizarre, décalé, violent, le groupuscule en marge qu’il décrit forme communauté contre le reste du monde, avec son éthique et ses propres codes, qui sont le reflet, en creux, de normes sociales toute aussi violentes et bizarres.

L’étrangeté atteint son apogée lors de la scène finale. La fête du 4 juillet, célébration de l’Amérique s’il en est, rassemble une foule immense venue assister à l’élection de la Reine de beauté. Les filles exposent leurs bikinis depuis un mobil home. Tous veulent voir. Queues interminables de voitures, engueulades, bousculades, bagarres, enfants écrabouillés… Poésie noire, humour grinçant, le bon peuple laisse exploser ses instincts primaires et rejoint, non sans ironie, la soi-disant cohorte des freaks et des déviants. On sourit beaucoup, en prenant garde à ne pas dévoiler ses dents, de peur de se les faire déchausser d’un coup de pied circulaire qu’on n’aurait pas vu venir.

Marianne Peyronnet