XIVe siècle. Guerre de Cent Ans. Age des ténèbres. Cinq guerriers français tentent de donner un sens à la sauvagerie.

 

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Tuer, ils savent. Ils ne font que cela depuis un temps si long qu’ils ne se rappellent rien d’autre. Ils tuent parce que les Anglais sont l’ennemi, sans vraiment savoir pourquoi, pour quel idéal ou quel maître. De combats inopinés en batailles rangées, ils parcourent la France, au milieu des autres, anonymes survivants. Il leur faut un but, dépasser l’absurde et sauver leur foi. Dans leurs rangs, la Bête. Ils l’ont observée, suivie. La Bête est un meurtrier, un soldat indestructible et sans pitié. La Bête massacre, viole, ne laisse que des cadavres dans son sillage, peu importe leur camp. Pour reconquérir leur humanité, faire enfin le Bien, les cinq guerriers décident de tuer la Bête.

A feu et à sang. Voilà ce que Clément Milian a réussi à faire : un roman à feu et à sang. Il raconte les coups qui décapitent, mutilent, les interminables agonies, il dit la boue et le chaos. Qui est le triomphant dans cette ambiance de fin du monde ? Le mal, peut-être. Ou l’amour ? Parce que, au travers de la traque, dans les campagnes exsangues, les forêts incendiées, les familles décimées, la beauté existe. Deux personnages l’incarnent. Une jeune fille diaphane, éperdue, venant d’assister à l’extermination des siens et une fillette qu’elle recueille en chemin. Les deux innocentes, irrémédiablement, mettent leurs pas dans ceux des guerriers, et donc dans ceux de la Bête. De qui croiseront-elles la route ? La fin le dira, et votre réaction en la découvrant vous révèlera, plus que tout autre chose, votre nature profonde.

Récit fulgurant, furieusement original, à la croisée des jeux de rôle médiévaux et du réalisme historique, Le triomphant se sert des codes de l’imaginaire collectif associé aux quêtes chevaleresques mythiques, mais les étire, les tord, les renouvelle. Le résultat, servi par une langue admirable, déroutant, percutant, est beau comme le seraient des roses sur un charnier.

Marianne Peyronnet