La scène d’ouverture donne le ton.

 

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Y sont détaillés le calvaire d’une femme, esclave sexuelle, enfermée dans une cellule, et les sévices qu’elle subit. Cette femme, c’est Yvette Plugford. Sa sœur, Dolores, kidnappée comme elle aux Etats-Unis, se trouve à quelques mètres, dans une autre cellule sordide d’un temple aztèque transformé en maison close, quelque part dans les montagnes du Mexique. Pendant qu’elles se désespèrent, leur père et leurs deux frères rassemblent une équipe de choc pour venir les délivrer. Patch Up, ancien esclave affranchi ; Deep Lakes, Indien aux mœurs étranges ; Long Clay, sanguinaire gâchette et Nathaniel Stromler, dandy ruiné hispanophone se joignent à l’aventure.

Après Une assemblée de chacals, Zahler livre ici son deuxième western horrifique et jubilatoire.

Western. 1902. Les paysages arides de la frontière mexicaine. Les chevaux. Les carrioles. Les colts. Les filles en détresse. Les taiseux qui prononcent des phrases définitives avec emphases. La crispation sur les visages couverts de sueur… On baigne tellement dans tous les clichés propres au genre qu’on en entendrait presque un air de Morricone, sur des séquences montées à la Sergio Leone. Gros plans sur les différents protagonistes, mouvements de caméras qui s’attardent sur les visages à mesure que la bande de justiciers s’étoffe, individus définis par leur tronche caractéristique, Zahler s’amuse à enchainer les poncifs.

Horrifique. L’auteur n’épargne rien ni personne. Pas ses personnages à qui il fait subir les pires atrocités. Pas le lecteur qui doit avoir le cœur bien accroché. Mutilations, hémoglobine, blessures vicieuses, tortures inventives, les méchants sont ignobles et les gentils ne demandent qu’à se défendre à coups de flingues et sans état d’âme. C’est quoi déjà, le contraire d’euphémisme ? Précision brutale ? C’est ça, Zahler fait avancer son récit à coups de hache, avec une précision brutale.

Jubilatoire. Parce que justement, tout trempe tellement dans le sang, que la démesure sert à dédramatiser et le côté gore prend des allures grotesques et drôles. En en rajoutant dans les détails sordides, l’auteur s’éloigne du réalisme et donne à son récit une tournure proche de la farce. Tout est permis, surtout le pire, alors le lecteur s’autorise à prendre son roman pour ce qu’il est : un divertissement efficace, avec des héros bien trempés à la psychologie définie à la serpe, une histoire de vengeance à la Sept mercenaires qui ne peut que se finir dans un océan rouge et qui poisse. Plus c’est gros, plus ça passe.

Marianne Peyronnet