C’est sûr, Roy a pas eu de bol dans sa jeunesse.

 

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Naître à Clermont, se faire appeler Raymond, avoir une tronche à faire peur sur un corps colossal, faut reconnaître, ça partait plutôt mal. De l’amour, ses parents avaient pas ça en stock, mais il en a donné quand même, lui, à sa petite sœur Lou, jusqu’à ce que…

Il avait la gueule de l’emploi pour tous les boulots dégueulasses, alors il a fait déboucheur de chiottes, porteur de carcasses à Rungis et surtout récupérateur de thunes pour usuriers malchanceux. A grands coups de baffes de ses pognes immenses dans la trogne des réfractaires.

Puis surgit Guillemette, petite fée minuscule, gracile luciole bien cabossée elle aussi, mais en-dedans seulement. Elle semble si fragile, Guillemette, que Roy réapprend à étreindre, à caresser, tout partout. Et quand on s’en prend à sa Belle, faut pas s’étonner de réveiller la Bête.

Résumé comme ça, le (premier) roman de Benoît Philippon pourrait sembler un rien glauque, un poil sinistre, un petit peu déjà lu. Je t’en fiche ! Cabossé, c’est tout le contraire du cafardeux et du fade. C’est de l’émotion, des émotions. Qui vous tombent dessus sans prévenir, au fil de la cavale des amoureux et des personnages qu’ils croisent. Y’a des gentils : un couple de gays entraîneurs de boxe, une pute au grand cœur, une petite fille abandonnée, une mémé flingueuse, une bibliothécaire futée. Et y’a des méchants, comme les homophobes, les chasseurs, les mecs qui tapent leur copine, les pères qui battent leurs enfants, ou Martinot : « y’en a, y naissent pour sauver des enfants malades en Afrique, Martinot il est juste là pour propager une sensation de maladie. »  

Cabossé, c’est des dialogues à la Audiard, des échanges à la Blier, des montagnes russes de sentiments. Cabossé, c’est des ricanements, pour se cacher derrière, pour faire croire que cette larme qui pointe, c’est parce qu’on s’esclaffe. C’est sûrement pas parce qu’on est touché, hein ?

Marianne Peyronnet