Dans son premier roman, Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman, sorti en 2014,
la jeune écossaise Kerry Hudson racontait les mésaventures de Janie, de sa naissance à son adolescence. En choisissant de prendre une enfant comme narratrice, comme observatrice des mœurs des adultes, dans une ville de Glasgow dévastée par le chômage, la drogue, elle avait réussi la prouesse d’éviter tout pathos et de livrer un récit solaire et drôle. Avec La couleur de l’eau, elle réitère l’exploit de décrire les difficiles conditions de vie des classes populaires, à Londres cette fois, avec une extrême délicatesse. Dave est vigile dans un magasin de luxe. Un jour, il surprend la belle Russe Alena en train de voler une paire de chaussures. Sous le charme, il la laisse partir. Le soir même, Alena l’attend sur le trottoir d’en face. Il leur faudra beaucoup de patience pour s’apprivoiser, beaucoup de confiance pour se livrer leurs secrets et vivre pleinement leur histoire d’amour. Kerry Hudson sait faire émerger la lumière du chaos, donner la parole aux exclus. Talent à suivre, donc. Le jury du Femina ne s’y est pas trompé qui vient de lui décerner le prix du meilleur roman étranger.
Marianne Peyronnet